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dimanche 4 octobre 2015

LE BONHEUR. CHAPITRE 1 : UN ANIMAL PEUT-IL ËTRE HEUREUX ?


Pour dissiper toute équivoque, on précisera d'emblée qu'il s'agit, dans cet article, de l'animal (non humain) en tant qu'animal et non pas de l'animal en tant qu'être coexistant avec l'homme. En d'autres termes il s'agit de discuter de la possibilité du bonheur pour un être doué de sensibilité mais non de conscience. On pourra rétorquer qu'il n'est pas évident que certains animaux soient pourvus d'une sensibilité et qu'il n'est pas prouvé non plus que certains (les grands singes par exemple) soient dénués, sinon de conscience, au moins de raison. Nous n'entrerons pas dans ces détails zoologiques. S'il faut absolument s'appuyer sur des exemples, on peut imaginer que lorsqu'on parle ici d'animal, on pense à un lièvre, une hirondelle, un lion ou à un animal domestique, vivant dans un espace protégé sans autres vicissitudes que celles inhérentes au climat, à la recherche de sa nourriture, à l'existence d'autres animaux prédateurs et autres contraintes propres à sa nature.


                     
Source de l'illustration : http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/images/1001067-Hirondelle.jpg

Un animal semble essentiellement mû par l'instinct qui le pousse à conserver son être et à perpétuer son espèce : il mange, se protège du froid ou du chaud, se reproduit et assure les besoins de sa progéniture. Éprouve-t-il parfois ce que nous appelons du plaisir ? Nul ne saura jamais ce qu'est véritablement ce "plaisir", mais on peut supposer que, puisqu'il recherche certaines choses et pas d'autres, c'est que l'animal est mû vers ce qui satisfait un besoin. Ou même un peu plus : le chien repu à qui l'on offre une friandise frétille de la queue et croque allègrement son biscuit, alors même qu'il n'a pas faim. Le chat ronronne près de la cheminée alors qu'à tout autre endroit de la maison il n'aurait certainement pas froid. Ceci semble prouver qu'il y a une graduation dans la satisfaction : l'animal "sent" (dans les deux sens du terme) que certaines choses sont meilleures que d'autres. On peut éventuellement appeler cette satisfaction, lorsqu'elle dépasse le simple assouvissement de ses besoins, un "plaisir". A contrario, l'expérience montre qu'il fuit la douleur, ce qui prouve que son instinct le pousse à s'éloigner de ce qui ne le satisfait pas, et qu'il y a, là aussi, une graduation dans sa répulsion.
Tout ceci résulte de la sensibilité dont sont dotés les animaux, c'est-à-dire de leur capacité à recevoir des informations sur le monde extérieur et sur leur propre organisme.
Par contre, et par absence de conscience, ils ne savent pas qu'ils sont heureux ou que nous, les hommes, pensons qu'ils le sont. Si "bonheur" il y a il n'est pas assumé mais subi, comme la douleur, et l'on peut dire que l'animal "n'est pas heureux d'être heureux".
Lorsque nous parlons d'un animal heureux il y a toujours une distanciation de notre part et c'est par anthropomorphisme que nous évoquons ce concept. En tant qu'être inconscient l'animal ne recherche pas le bonheur. Il est mû vers ce que nous, les hommes, appelons son bonheur.
Par quoi est-il mû ? Par son "instinct", ensemble de facultés génétiques et héréditaires qui constituent son potentiel d'action (mais non pas son savoir car, seul l'animal humain "sait qu'il sait"). Hormis chez quelques grands singes, il n'y a pas non de plus de pratiques acquises par apprentissage. Un oisillon séparé de ses parents et congénères dès sa naissance, saura quand même construire un nid quand il sera adulte. Par contre il lui manquera de l'expérience, par exemple les sensations qui lui permettent de discerner la présence ou l'approche d'un prédateur, ou la proximité de ce qui lui permet de se nourrir. En ce sens on pourrait dire que l'animal évolué (disposant d'une grande autonomie) bénéficie d'un certain auto-apprentissage dans l'art de subsister dans son être. La preuve en est qu'il est notoire qu'un oiseau né et élevé dans une cage aura peu de chances de survivre si on le libère à l'âge adulte.

En résumé, si on veut appeler "bonheur" chez l' animal un certain état de quiétude, cet état se caractérise par :
  • l'absence de souffrance physique,
  • la satisfaction de ses besoins naturels, éventuellement de manière superfétatoire (le "plaisir"),
  • l'acquisition d'une expérience qui maximalise sa durée de vie.
L'homme peut-il, doit-il, aspirer à un tel "bonheur" ? C'est une question qui sera discutée dans un chapitre ultérieur.

À suivre ...

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