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dimanche 17 février 2019

LE PRINCIPE DE PETER ET LE SEUIL D'INCOMPETENCE

Le principe de Peter (1919-1990), si on accepte sa logique (qui est solide), a des conséquences importantes : dans toute entreprise, organisation ou administration les dirigeants de plus haut niveau sont des incapables ! Pourquoi ? Parce qu’ils ont obligatoirement atteint leur seuil d’incompétence. Quel est le raisonnement de Peter ?



Le raisonnement est basé sur une conjecture (affirmation très probable mais que l'on ne peut pas démontrer) : la progression dans les compétences, dans un domaine donné, a obligatoirement une limite. La limite peut résulter de l'état de santé, de l'âge, de l'impossibilité de se mettre à niveau, etc.

 Imaginons une entreprise dans laquelle il y a de «mauvais» et de « bons » employés ». Disons pour simplifier :

·     D’une part des employés qui ne font pas preuve d’initiatives, qui refusent ou sont incapables de se former pour des tâches de plus haut niveau, qui n’ont pas d’esprit d’équipe, etc. Ceci dit ces employés peuvent être « dans la vie « civile » les meilleurs des hommes.

·     D’autre part des employés qui possèdent les caractéristiques inverses : ils cherchent l’excellence dans les tâches qu’on leur confie, sont à l’affût de connaissances ou compétences nouvelles, etc. Inversement ils peuvent, dans leur vie privée, être parfaitement odieux.

Quel va être le sort de ces deux catégories ? Il est clair et prévisible :

·     Les premiers vont stagner dans leur poste, ce qui n’est pas illogique dans une stratégie d’entreprise. C’est logique mais non obligatoire. Il serait possible d’essayer de comprendre  les raisons de cette inappétence, de discerner s’il existe des antagonismes personnels, des raisons physiques ou psychologiques qui expliquent ce comportement, etc.  Mais combien de DRH ont les compétences et l’envie d’effectuer ce travail  ?

·     Les seconds par contre vont être promus. On leur confiera des responsabilités de plus haut niveau, accompagnées d’un poste plus élevé dans la hiérarchie et les avantages matériels correspondants. C’est un travail que les DRH affectionnent car il est supposé améliorer la qualité de l’entreprise, donc valoriser la qualité de leur propre travail. Par ailleurs on ne peut nier que cette promotion des « bons » est logique quelles que soient les qualité morales de la personne concernée. Sauf exception les PDG se soucient peu de cet aspect. Ce qui leur importe est le montant des dividendes qu’il pourront distribuer aux actionnaires et les avantages matériels qu’ils pourront s’octroyer.

Mais que va-il se passer par la suite ?

Pour les « mauvais » l’affaire est close. Ils attendront avec résignation leur retraite en essayant de compenser par des activités extérieures la pauvreté de leur activité professionnelle.

Pour les « bons » les choses se compliquent. Ils ont évidemment l’ambition d’aller de plus en plus haut et vont faire tous les efforts possibles à cet effet. En toute logique ces efforts vont être récompensés et ils vont progresser dans la hiérarchie.

Mais c’est là qu’intervient le « principe de Peter » qui postule qu’aucune progression des compétences ne peut être durable et qu’il survient un moment où apparaît un seuil d’incompétence.

Parler de « seuil d’incompétence » ne signifie pas que l’on devient subitement idiot mais que l’on a épuisé ses possibilité de progression. Or les progressions antérieures ont placé ce genre de personne à un niveau qui les rend impossibles d’être compétent dans le nouveau poste qui lui est confié.

Le désastre est que beaucoup de ces personnes puissantes, devenues incompétentes, occupent des postes de premier plan dans les entreprises, l’administration ou la politique. On constate leur incompétence dans le fait qu’elles se contentent de déléguer, de participer à des colloques ou conférences, n’expriment que des généralités sans intérêt et que, lorsqu’il leur advient de prendre une décision elle est souvent malencontreuse.

On peut objecter au principe de Peter plusieurs arguments :

·     Certaines « charges », y compris dans l’administration de la justice ou de la médecine, ne résultent pas de l’observation de compétences particulières mais de la notoriété de la famille. Mais d’un point de vue éthique cette observation est évidemment condamnable.

·    Il existe des entreprises où l’on prend garde à ne pas tomber dans ce biais (le principe de Peter). Je n’en connais pas, mais je ne nie pas qu’il doit en exister.