Source : image du film |
Rocco (Alain Delon), est un saint. Un saint laïque dont Nadia (Annie Girardot) est la Maria Magdalena. Et un saint kantien car il a un impératif catégorique : préserver et entretenir l'amour au sein de sa famille, sa mère et ses frères. Le plus étonnant est que, par obligation morale (pour sauver un de ses frères) il devient boxeur et sans doute (le film ne le montre pas) un grand boxeur. Mais un boxeur qui pleure après avoir gagné car il a senti de la haine pour son adversaire.
Un film, donc, que l'on pourrait qualifier de film chrétien car Rocco, comme le Christ, a un destin qui le dépasse et le transcende.
Les relations familiales, l'amour respectueux que tous les frères (ou presque) portent à leur mère (Katina Paxinou) est une merveille d'analyse psychologique, fine, tendre, émouvante.
Alain Delon et Annie Girardot forment un couple cinématographique exceptionnel. J'ai toujours aimé Annie Girardot, mais j'ai souvent détesté Alain Delon, pas tellement en tant qu'acteur mais en tant qu'homme. Ici, il est fantastique. J'ai lu que Visconti s'était inspiré du prince Mychkine, personnage du roman L'idiot de Dostoïevski. Je n'en doute pas.
On est loin ici des grandes fresques de Visconti (Les Damnés, Mort à Venise, etc.). Le film (en noir et blanc) est tourné à Milan dans une perpétuelle grisaille et c'est aussi (et surtout ?) un film sur les difficultés sociales des italiens du sud venus chercher du travail, quotidiennement en quête d'un emploi, et victimes d'une certaine forme de racisme de la part des italiens du nord.
Et pourtant, le sud ils ne l'oublient pas, et l'ombre de ces racines, à la fois pleines de soleil et de misère, est omniprésente. Rocco et son plus jeune frère y retourneront, soyons-en certains, même si le film ne le montre pas.
Un film qu'il faut absolument voir.
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