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lundi 13 juin 2016

À NE PAS VOIR OU À NE PAS REVOIR : LE FILM DE BRUNO PODALYDÉS "LE MYSTERE DE LA CHAMBRE JAUNE" (2003)

Il faut surtout que ceux qui ont la chance de ne pas encore avoir lu le chef d'oeuvre de Gaston Leroux "Le mystère de la chambre jaune", ne regardent pas le film de Bruno Podalydés. Qu'ils se précipitent d'abord sur le roman et qu'ils en restent là ! Quant à ceux qui ont lu le roman, je leur conseille vivement de ne pas perdre leur temps à regarder le film.

Source : image du film
On ne peut pas dire que ce soit un mauvais film in abstracto, ni lui reprocher de ne pas être fidèle, dans l'ensemble, à l'intrigue du roman, mais c'est un film qui ne restitue d'aucune manière l'atmosphère du livre.

Bruno Podalydés a réalisé une comédie légère alors que Gaston Leroux a écrit un roman dont l'intensité dramatique est soutenue. Car il faut savoir que "Le mystère de la chambre jaune" est l'archétype du roman policier "à enquête". Beaucoup de romanciers s'en sont inspirés car il offre le cadre idéal pour ce genre de littérature : un crime dans une petite chambre hermétiquement close, dont les issues sont infranchissables et pourtant ... le meurtrier, qui n'a pas pu sortir, ne s'y trouve pas !

L'épisode fameux de la galerie qui imposera à Rouletabille de se cantonner dans le cercle de la raison est traité de manière burlesque. L'épisode de Sainclair qui transporte son horloge comme un escargot sa coquille est ridicule (et ne figure évidemment pas dans le livre). Quant au petit train qui transporte une boule, c'est une séquence (qui plus est que l'on voit deux fois) totalement inappropriée, comme le sont les descriptions des machines supposées être inventées par le Professeur Stangerson (la voiture qui fonctionne à l'énergie solaire). Des "innovations" que le réalisateur  a inventé pour mettre de la "drôlerie" là où il fallait une certaine tension.

Plusieurs acteurs, qui jouent plutôt bien, ont des rôles qui, psychologiquement, ne correspondent en rien aux personnages du livre : Sainclair est un niais alors qu'il devrait être le sage et pondéré Docteur Watson de Rouletabille ; Sabine Azéma joue une Mathilde Stangerson à demi-mondaine : le Professeur Stangerson (Michael Lonsdale) ne semble guère accablé par ce qui arrive à sa fille), le personnage du garde-chasse est ridicule, Robert Darzac , grotesque, n'est pas crédible, l'épouse Bernier est excessive. La brève scène amoureuse dans la chambre jaune ne figure pas dans le film et modifie radicalement, et malencontreusement, la psychologie d'ensemble du personnage de Mathilde

Ce que je regrette peut-être plus que tout, c'est que la célèbre phrase " Le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat" perd dans le film toute la mystérieuse beauté poétique qui a enchanté des générations de lecteurs.

Un film raté. Un film à éviter.

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