Les réflexions de Saint Augustin au sujet du temps se trouvent principalement dans le Livre XI des « Confessions » et plus précisément (mais non exclusivement) dans les chapitres XI à XXXI de ce onzième Livre.
- La première est de l’envisager comme composante de l’espace-temps, c’est-à-dire d’un point de vue qui relève de la physique fondamentale. C’est par exemple ce que j’ai essayé de traiter dans la note de lecture n° 14 de ce blog.
- La seconde, qui est celle de Saint Augustin, et qui, d'une certaine manière sera également celle de Kant, est de s'interroger sur ce que signifie la perception personnelle que nous avons du temps.
La question introductive pour Augustin est l'interrogation sur le paradoxe de l'éternité, que nous ne pouvons concevoir sans faire abstraction des notions de futur et de passé. Comment comprendre que dans l’éternité qui est celle de Dieu, rien n’est successif, tout est présent « alors que le temps ne saurait être présent tout à la fois ». Tous les temps sont œuvre de Dieu. Dieu est donc antérieur à tout type de temps et la question « Que faisait Dieu avant de créer le monde ? » est une question qui n’a pas de sens car, puisque Dieu a créée le temps, « il ne se peut pas qu’il y eût un temps où le temps n’était passé ».
Mais le temps ne peut être coéternel à Dieu car s’il était immuable, il ne serait pas le temps (puisqu'il s'écoule sous forme de passé, de présent et de futur). Le concept de temps nous est si étranger et étrange que, dit Saint Augustin, « Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande je le sais. Mais si on me le demande, et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus ».
Telle est la question fondamentale qui va angoisser Augustin et dont il demandera, en vain, une réponse à Dieu.
Augustin restitue la question au niveau de l’être du temps et de ses diverses modalité. D’une part, le passé et le futur ne peuvent être,
puisque le passé n’est plus et que le futur n’est pas encore. Quand au présent, il n’a d’être que lorsqu’il devient passé, ce qui signifie qu’il n’a pas d’être. L’impasse est totale !
Pourtant ce temps, qui n’a pas d’être, nous avons la prétention de le mesurer. Or ces prétentions sont vaines car nous ne possédons, relativement au passé et au futur aucune échelle de référence. Dire d’un temps passé qu’il a été « long » n’a aucun sens puisque des millénaires ont précédé des millénaires qui, eux-mêmes sont des infiniment petits en regard des millénaires qui les ont précédé. Le même raisonnement s’applique au futur avec la circonstance aggravante qui est que ce que nous cherchons à mesurer n'est autre que le néant puisqu'il n'est n'est pas et n'a pas été. Tout est relatif dans la perception d’un temps à venir qui nous semble long ou bref ! Reste la question du présent ! Mais la réflexion est sans fondement. Si nous parlons d’un temps présent (par exemple l’ère moderne) qui dure depuis quelques siècles, chacun de ces siècles est composé d’années, elles-mêmes composées de jours, d’heures, de seconde etc. Chaque morcellement du présent « est » le présent. Et ce morcellement , est lui-même infini, et la seule chose que l’on peut dire du présent est qu’il se transforme instantanément en passé.
Pourtant, seul le présent est mesurable puisque "nous avons conscience" des intervalles de temps qui s'écoulent. Mais c'est une impression factice, puisque ce que nous mesurons ou comparons sont des temps qui sont toujours en train de passer : " Aussi, lorsque le temps passe, il peut être perçu par la conscience et mesuré. Mais quand il est passé, il n'est point mesurable, car il n'est plus".
Pourtant ce temps, qui n’a pas d’être, nous avons la prétention de le mesurer. Or ces prétentions sont vaines car nous ne possédons, relativement au passé et au futur aucune échelle de référence. Dire d’un temps passé qu’il a été « long » n’a aucun sens puisque des millénaires ont précédé des millénaires qui, eux-mêmes sont des infiniment petits en regard des millénaires qui les ont précédé. Le même raisonnement s’applique au futur. Tout est relatif dans la perception d’un temps à venir qui nous semble long ou bref ! Reste la question du présent ! Mais la réflexion est sans fondement. Si nous parlons d’un temps présent (par exemple l’ère moderne) qui dure depuis quelques siècles, chacun de ces siècles est composé d’années, elles-mêmes composées de jours, d’heures, de seconde etc. Chaque morcellement du présent « est » le présent. Et ce morcellement , est lui-même infini, et la seule chose que l’on peut dire d’u présent est qu’il est non mesurable puisqu’il se transforme instantanément en passé.
n Mais si seul le présent est mesurable, dans les limites que nous venons de voir, il n'en reste pas moins que nous avons une certaine pré-connaissance du futur (dans bien des domaines) et que nous avons également le souvenir du passé. Donc, et c’est là pour Augustin un grand mystère à propos duquel il interroge Dieu, le passé et le futur existent également puisque nous en avons conscience.
S par exemple je regarde le ciel de l’aube, je sais indubitablement que dans un futur proche le soleil va se lever. Si je relate un événement passé la veille, je peux le faire avec exactitude.
Où se situent donc ce futur et ce passé qui, tout à la fois existent puisque j’en ai conscience et n’existent pas puisqu’ils ne sont pas ? Comment concevoir que ce qui n’est pas ou n’est plus puisse « être » puisque ni l’un ni l’autre ne sont présents ?
A ce stade de la sa réflexion, Augustin avoue et revendique une contradiction dans les termes. C’est ce qu’il appelle « Les premiers résultats de la recherche » (chapitre XX du Livre XI) :
Pourtant ce temps, qui n’a pas d’être, nous avons la prétention de le mesurer. Or ces prétentions sont vaines car nous ne possédons, relativement au passé et au futur aucune échelle de référence. Dire d’un temps passé qu’il a été « long » n’a aucun sens puisque des millénaires ont précédé des millénaires qui, eux-mêmes sont des infiniment petits en regard des millénaires qui les ont précédé. Le même raisonnement s’applique au futur. Tout est relatif dans la perception d’un temps à venir qui nous semble long ou bref ! Reste la question du présent ! Mais la réflexion est sans fondement. Si nous parlons d’un temps présent (par exemple l’ère moderne) qui dure depuis quelques siècles, chacun de ces siècles est composé d’années, elles-mêmes composées de jours, d’heures, de seconde etc. Chaque morcellement du présent « est » le présent. Et ce morcellement , est lui-même infini, et la seule chose que l’on peut dire d’u présent est qu’il est non mesurable puisqu’il se transforme instantanément en passé.
n Mais si seul le présent est mesurable, dans les limites que nous venons de voir, il n'en reste pas moins que nous avons une certaine pré-connaissance du futur (dans bien des domaines) et que nous avons également le souvenir du passé. Donc, et c’est là pour Augustin un grand mystère à propos duquel il interroge Dieu, le passé et le futur existent également puisque nous en avons conscience.
S par exemple je regarde le ciel de l’aube, je sais indubitablement que dans un futur proche le soleil va se lever. Si je relate un événement passé la veille, je peux le faire avec exactitude.
Où se situent donc ce futur et ce passé qui, tout à la fois existent puisque j’en ai conscience et n’existent pas puisqu’ils ne sont pas ? Comment concevoir que ce qui n’est pas ou n’est plus puisse « être » puisque ni l’un ni l’autre ne sont présents ?
A ce stade de la sa réflexion, Augustin avoue et revendique une contradiction dans les termes. C’est ce qu’il appelle « Les premiers résultats de la recherche » (chapitre XX du Livre XI) :
- Il n’est pas correct de dire « Il y a trois temps, le présent, le passé et l’avenir ».
- Mais, à la rigueur on pourrait dire : « il y a le présent du passé, le présent du présent et le présent du futur ». Le présent du passé c’est la mémoire ; le présent du présent c’est « l’intuition directe » ; le présent du futur c’est l’attente. Et à ce titre, oui, on peut affirmer qu’il y a bien trois temps !
Mais, à la rigueur on pourrait dire : « il y a le présent du passé, le présent du présent et le présent du futur ». Le présent du passé c’est la mémoire ; le présent du présent c’est « l’intuition directe » ; le présent du futur c’est l’attente. Et à ce titre, oui, on peut affirmer qu’il y a bien trois temps !
Il y a là une subtilité qu’il faut bien comprendre. Augustin, (il le dit avec franchise) ne se soucie guère que l’on dise qu’il y a ou qu’il n’y a pas trois temps. Ce qui lui importe c’est que l’on comprenne ce que, dans le contexte de sa réflexion ces mots signifient, même si leurs significations semblent contradictoires. Le présent du futur, par exemple, ce n’est pas l’être du futur (puisqu’il n’existe pas) c’est l’être du moment présent au cours duquel nous envisageons le futur. Idem pour le passé. Quant au « présent du présent », nous l’avons dit plus haut, c’est l’instant de l’intuition immédiate de ce qui est.
Par conséquent, le futur et le passé existent également. Mais dans ce cas, où sont-ils ? Augustin est confronté à un des nombreux mystères de la présence divine (chapitre XIX du Livre XI) :
« Mais vous qui régnez sur la création, de quelle manière apprenez-vous aux âmes ce qui doit arriver ? Car vous l’avez appris à vos prophètes. De quelle manière enseignez-vous l’avenir, vous pour qui rien n’est à venir ? Ou plutôt, comment enseignez-vous les signes présents de l’avenir ? Car ce qui n’existe pas ne peut, évidemment être enseigné. Le moyen dont vous vous servez se dérobe à mes regards ; il surpasse mes forces ; car moi-même je ne pourrai y atteindre, mais je le pourrai avec votre secours, quand vous me l’aurez accordé, ô douce Lumière des yeux de mon âme ! ».
Pourtant (Chapitre XXI du Livre XI), ou peut-être précisément en raison de ce qui précède, "Le problème se complique" de l'aveu même d'Augustin. En effet, si on admet que l’on peut mesurer le temps en train de passer, ou établir des comparaisons entre les durées. En fait nous mesurons des espaces de temps, mais dans quel espace ? Si le présent se mesure dans le futur, il n’existe pas encore et il est donc impossible à mesurer !
Comme le dit Augustin : « Nous n’avons à la bouche que le temps, et le temps, les temps et les temps[…]Ce sont paroles d’un usage courant, et cependant elles dont pleines d’obscurité, et les comprendre serait une découverte ».
Certains ont pensé que « Le temps c’est le mouvement ». Mais Augustin ne peut accepter cette opinion car il est notoire que le le temps s’écoule indépendamment de tout mouvement. En particulier, ce n’est pas le mouvement des corps célestes qui constitue le temps.
Certes, il n’est aucun corps qui ne se meuve dans le temps. Mais cela ne signifie nullement que c’est ce mouvement qui est le temps. Ce que je peux dire ou faire c’est mesurer et comparer la durée de ces mouvements. Le temps n’est pas le mouvement. C’est la mesure du mouvement.
En fait, conclut Augustin, le temps est une distension de l’âme. « D’où il résulte que pour moi le temps n’est rien d’autre qu’une distension. Mais une distension de quoi, je ne le sais au juste, probablement de l’âme elle-même. l’homme a la capacité de retenir le passé (grâce à la mémoire) et, inversement, d’envisager le futur (grâce à l'« attente »).
"Maintenant mes années s’écoulent dans les gémissements et Vous, ma consolation, ô Seigneur, mon Père, vous êtes éternel. Mais moi je me suis éparpillé dans le temps, dont j’ignore l’ordre, de tumultueuses vicissitudes déchirent mes pensées et les profondes entrailles de mon âme, jusqu’au jour où je m’écoulerai en vous, purifié et fondu au feu de votre amour « (Chapitre XXIX).
« Mais vous qui régnez sur la création, de quelle manière apprenez-vous aux âmes ce qui doit arriver ? Car vous l’avez appris à vos prophètes. De quelle manière enseignez-vous l’avenir, vous pour qui rien n’est à venir ? Ou plutôt, comment enseignez-vous les signes présents de l’avenir ? Car ce qui n’existe pas ne peut, évidemment être enseigné. Le moyen dont vous vous servez se dérobe à mes regards ; il surpasse mes forces ; car moi-même je ne pourrai y atteindre, mais je le pourrai avec votre secours, quand vous me l’aurez accordé, ô douce Lumière des yeux de mon âme ! ».
Pourtant (Chapitre XXI du Livre XI), ou peut-être précisément en raison de ce qui précède, "Le problème se complique" de l'aveu même d'Augustin. En effet, si on admet que l’on peut mesurer le temps en train de passer, ou établir des comparaisons entre les durées. En fait nous mesurons des espaces de temps, mais dans quel espace ? Si le présent se mesure dans le futur, il n’existe pas encore et il est donc impossible à mesurer !
Comme le dit Augustin : « Nous n’avons à la bouche que le temps, et le temps, les temps et les temps[…]Ce sont paroles d’un usage courant, et cependant elles dont pleines d’obscurité, et les comprendre serait une découverte ».
Certains ont pensé que « Le temps c’est le mouvement ». Mais Augustin ne peut accepter cette opinion car il est notoire que le le temps s’écoule indépendamment de tout mouvement. En particulier, ce n’est pas le mouvement des corps célestes qui constitue le temps.
Certes, il n’est aucun corps qui ne se meuve dans le temps. Mais cela ne signifie nullement que c’est ce mouvement qui est le temps. Ce que je peux dire ou faire c’est mesurer et comparer la durée de ces mouvements. Le temps n’est pas le mouvement. C’est la mesure du mouvement.
En fait, conclut Augustin, le temps est une distension de l’âme. « D’où il résulte que pour moi le temps n’est rien d’autre qu’une distension. Mais une distension de quoi, je ne le sais au juste, probablement de l’âme elle-même. l’homme a la capacité de retenir le passé (grâce à la mémoire) et, inversement, d’envisager le futur (grâce à l'« attente »).
"Maintenant mes années s’écoulent dans les gémissements et Vous, ma consolation, ô Seigneur, mon Père, vous êtes éternel. Mais moi je me suis éparpillé dans le temps, dont j’ignore l’ordre, de tumultueuses vicissitudes déchirent mes pensées et les profondes entrailles de mon âme, jusqu’au jour où je m’écoulerai en vous, purifié et fondu au feu de votre amour « (Chapitre XXIX).
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