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lundi 16 janvier 2017

FAUT-IL LUTTER POUR ACQUÉRIR DES DROITS ?

Faut-il lutter pour acquérir des droits ? La réponse à cette question peut sembler totalement évidente : l'Histoire a montré que tous les droits acquis, sur lesquels repose l'essentiel de nos civilisations occidentales (et d'autres d'ailleurs), ont été obtenus au prix de luttes obstinées, violentes et souvent cruelles, et que rien n'est définitif à ce sujet.

Mais, au-delà de cette évidence, ce sur quoi je voudrais mettre l'accent ici n'est pas l'acquisition et le maintien de droits, mais l'existence intrinsèque de ces droits. Les hommes ont lutté pour être respectés comme êtres humains, mais ces droits existaient-ils indépendamment de leurs luttes ou sont-ils inscrits de manière indélébile dés lors qu'un être est humain ?

Nous faisons peu de cas d’une fourmi ou d’une mouche, sans parler des millions de bovins qui sont sacrifiés chaque jour. Tous ces êtres non humains possèdent au moins une sensibilité, certains une conscience (au moins celle d’être et de persévérer dans leur être).

Pourquoi la vie, les droits de chaque être humain sont-ils plus importants que ceux d’un chimpanzé ? Où sont écrites les « tables de la loi » qui instituent cette différence ? Dans la Bible évidemment puisque non seulement Dieu a créé l’homme à son image, mais de plus il lui a donné le droit, et même le devoir, de dominer les autres créatures humaines.

Mais supposons que nous fassions peu de cas des enseignements bibliques. Il n’en reste pas moins que cette priorité reste une priorité essentielle, bafouée, mais existant au moins  (presque universellement) comme un horizon admissible.

Oublions provisoirement les animaux. Ils posent de véritables problèmes de conscience peu abordés. Mais aujourd’hui je m’intéresse à cet animal particulier qu’est l’Homme, doté d’une conscience et d’une raison. 

Mais si l’homme a des droits est-ce par ce qu’il est doté de conscience ? Certainement pas. D’abord, nous l’avons dit, parce que ce n’est pas le seul animal doté de cette caractéristique
Ensuite par ce que la conscience ne donne aucun droit. Elle donne uniquement la certitude, ou l’intuition, d’être un être fini. La conscience donne un savoir et un désir (celui de l’immortalité).

Est-ce donc parce que l’Homme est doté de raison ? Je ne le crois pas non plus. La raison, c’est-à-dire (en simplifiant) l’intelligence des situations et des êtres, confère à l’homme des devoirs, mais non des droits. Et cette différence est essentielle ! Avoir des devoirs est le propre de chaque être qui pense. La raison n’a aucune légitimité en matière de droits, et il n’est inscrit nulle part qu’un être raisonnable doit être respecté comme tel.

Hormis la conscience et la raison il n’est rien qui soit propre à l’Homme et institue une différence, sinon issue de son intelligence, avec les autres animaux.

Il en résulte, de mon point de vue, que parler des droits de l’Homme est une phraséologie très artificielle et qui ne repose sur aucun fondement. Ou presque !

Presque ! Car ces droits existent et leur caractère artificiel ne leur ôte aucune importance ni aucune signification. Aucun juge, hormis si l’on se place dans l’hypothèse divine que je n’envisage pas ici, ne les a institués. Nul ne s’est arrogé le droit de dire le Droit, si ce n’est à travers des variantes parfois importantes (abolition de la peine capitale, droit à l’avortement, etc.).

Il ne reste, pour justifier ces droits (et que l’on me comprenne bien : je les juge intangibles !), il ne reste que la volonté humaine de les acquérir, donc de lutter pour se les approprier. C’es ce que l’homme a fait depuis des siècles, et qu’il continuera à faire au fil des siècles qui vont suivre.

Finalement, la belle devise tant galvaudée de la République « Liberté, Égalité, Fraternité » n’est pas sotte. Mais elle est ambigüe. Plus précisément, Liberté et Égalité sont des concepts philosophiquement flous.

Disant cela, il n’est pas question de remettre en cause la liberté d’expression, de circulation, de disposer à sa guise de sa vie sociale ou sexuelle mais de comprendre qu’il y a des interactions évidentes entre les libertés personnelles et que la Liberté absolue n’existe pas.

Idem pour l’Égalité : oui tous les hommes sont égaux de par leur naissance en tant qu’être humain. Mais qui peut prétendre qu’ils le restent ? Même la grande et belle Révolution a institué un système censitaire !

Reste la Fraternité ! Et je crois que là, nous tenons le bon bout.

Si nous avons des droits et devons les défendre, ce n’est certainement pas au nom ou profit de notre intérêt personnel, mais parce que nous faisons partie d’une communauté de frères. Et quand on a des frères, on ne peut souffrir que l’un d’eux reste à la traîne (ou au moins on ne le devrait pas).
C’est ce qu’a dit le Christ (Mathieu 25 :40) « Je vous le dis en vérité, chaque fois que vous avez fait ces choses [le mal ou l’absence de bien] à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites ».







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