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vendredi 27 mai 2016

À PROPOS DU FILM DE MICHAÏL KALATAZOV : "QUAND PASSENT LES CIGOGNES (1957)

Le film soviétique de Mikhaïl Kalatozov "Quand passent les cigognes" a reçu la Palme d'Or au Festival de Cannes en 1958. C'est un "classique", un des grands films du cinéma russe et mondial.



Tatiana Samoïlova dans le rôle de Veronika. Image du film. Scène du départ à la guerre 

Le film a été tourné en 1957 et diffère nettement des films soviétiques antérieurs par l'absence de propagande et la sensibilité des personnages (pas d'archétype).

Un point de détail plaisant : ce ne sont pas des cigognes mais des grues que l'on voit passer à deux reprises dans le film. Mais il est clair que le titre français "Quand passent les grues" n'aurait pas été du meilleur effet !

Beaucoup d'acteurs sont bons ou très bons, mais Tatiana Samoïlova, dans le rôle de Veronika, est exceptionnelle. Elle a d'ailleurs reçu à Cannes en 1958 le prix de la meilleure actrice. Elle alterne à merveille des jeux très différents dans les trois périodes du film : l'insouciance et la gaieté de la jeune fille qui va se marier avant la guerre ; le drame de son viol (le viol par son cousin n'est pas explicite ; il est sous-entendu ; peut-être n'est-ce pas véritablement un viol ?) et de son mariage forcé pendant la guerre ; la résignation positive et l'espoir à la fin du film.

Après ce film, Tatiana Samoïlova (1934-2014) a poursuivi avec succès une carrière d'artiste. Voici ce qu'en dit sa biographie

"Son rôle de Véronika dans Quand passent les cigognes, jeune fille déterminée, joueuse et romantique qui se transforme en femme décidée et aimante, après avoir traversé les horreurs et la séparation de la guerre la propulse d'emblée parmi les meilleures actrices de l'époque, non seulement en URSS, mais aussi en Occident, où le film reçoit la Palme d'or au festival de Cannes en 1958. Après avoir reçu de tels lauriers, elle se décide à prendre des cours au GITIS (aujourd'hui Académie russe des arts du théâtre) de Moscou. Elle devient comédienne dans la troupe du théâtre Maïakovski, puis dans celle du théâtre Vakhtangov, jusqu'en 1960. Elle disparaît des écrans de cinéma pour se consacrer au théâtre et à sa vie personnelle. [...] Elle reste vivante et très aimée pour toute une génération, notamment celle née après la guerre et qui vécut le dégel khrouchtchévien. À sa venue à Cannes, en 2008, pour le cinquantenaire de la Palme d'or, elle a reçu une ovation de quinze minutes".

Concernant les acteurs, dont j'ai dit plus haut qu'ils étaient tous bons ou très bons, je ferai une réserve sur Alexeï Batalov, dans le rôle de Boris. Il me semble assez falot. Alors que sa partenaire Veronika est radicalement tolstoïenne, il manque du minimum de passion corespondant à son rôle. 

D'après les spécialistes des techniques cinématographiques (je n'en suis pas un !) le film est novateur dans l'emploi qui est fait de la caméra. Mais ce que les non-spécialistes apprécieront, c'est la mise en scène, la véracité des situations, les images extraordinaires et la tension dramatique permanente. La scène du départ à la guerre au cours de laquelle Veronika tente en vain d'attirer le regard de Boris m'a semblé presque insoutenable, et celle de la fin du film où elle distribue aux soldats revenus de la guerre les fleurs qu'elle destinait à Boris est magnifique.

Un très grand film, à voir ou à revoir.




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