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vendredi 6 mars 2015

LE DERNIER DISCOURS DE YITZHAK RABIN

Yitzhak Rabin, ancien général de l'armée israélienne a été premier ministre d'Israël de 1974 à 1977, puis de 1992 à 1995. Il a été assassiné à Tel Aviv le 4 novembre 1995 par un jeune extrémiste juif. En 1993 il avait reçu le Prix Nobel de la paix, ainsi que Yasser Arafat, en raison de son rôle dans les accords d'Oslo. 



Les accords d'Oslo, signés en 1993 entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, ont constitué en leur temps un sérieux espoir de règlement du conflit entre Israël et la Palestine. Cet espoir s'est brisé pour diverses raisons, entre autres à la suite de l'assassinat de Yitzhak Rabin qui a révélé, dans une frange minoritaire de la population israélienne, une opposition radicale à tout compromis avec les palestiniens.

Lors de son deuxième mandat de premier ministre (1992-1995), a milité pour une paix négociée avec la Palestine, position partagée par Yasser Arafat et l'OLP.

Cette position se heurte à l'opposition énergique des composantes les plus radicales de la population israélienne, conservateurs religieux et membres du parti Likoud.

Le 4 novembre 1995, Yitzhak Rabin participe à un rassemblement pour la paix à Tel Aviv. Quelques minutes après la fin de ce rassemblement il est assassiné par Ygal Amir, un jeune étudiant juif d'extrême droite qui sera ensuite condamné à une peine de prison à perpétuité.

On trouvera ci-dessous le texte de son dernier discours, prononcé quelques minutes avant sa mort.

Permettez-moi de dire que je suis profondément ému. Je souhaite remercier chacun d’entre vous, qui êtes venus ce soir manifester contre la violence et pour la paix. Ce gouvernement, dont j’ai le privilège d’être à la tête, avec mon ami Shimon Peres, a décidé de donner une chance à la paix - une paix qui résoudra la plupart des problèmes d’Israël.
Pendant 27 ans, j’ai été un soldat. Tant qu’il n’y avait aucune chance pour la paix, j’ai combattu. Je crois qu’aujourd’hui, il existe une chance pour la paix, une grande chance. Nous devons en profiter, pour tous ceux qui sont présents ici, et pour tous ceux qui sont absents, et ils sont nombreux.
J’ai toujours pensé qu’une majorité du peuple aspirait à la paix et était prête à prendre des risques pour elle. En venant ici ce soir, vous démontrez, ensemble avec de nombreux autres qui ne sont pas venus, que le peuple désire sincèrement la paix et s’oppose à la violence. La violence s’attaque à la base de la démocratie israélienne. Elle doit être condamnée et isolée. Ce n’est pas la voie de l’Etat d’Israël. Dans une démocratie, il peut y avoir des désaccords, mais la décision finale sera tranchée par des élections démocratiques, comme celles de 1992 qui nous ont donné un mandat pour faire ce que nous faisons, et pour continuer dans cette direction.
Je voudrais dire que je suis fier du fait que des représentants des pays avec lesquels nous vivons en paix soient présents avec nous ce soir, et continueront à l’être : l’Egypte, la Jordanie et le Maroc, qui nous ont ouvert la route vers la paix. Je voudrais remercier M. le président de l’Egypte, le roi de Jordanie, et le roi du Maroc, représentés ici ce soir, pour avoir été des partenaires dans notre route vers la paix. Mais, plus que tout autre chose, depuis un peu plus de trois ans que ce gouvernement est en place, le peuple israélien a prouvé qu’il est possible de faire la paix, que la paix ouvre la porte à une économie et a une société meilleures, que la paix n’est pas seulement une prière. La paix est d’abord dans nos prières, mais elle constitue aussi l’aspiration du peuple juif, une aspiration sincère à la paix.
La paix a des ennemis qui tentent de nous atteindre, pour torpiller le processus de paix. Je voudrais dire sans détour que nous avons trouvé chez les Palestiniens aussi un partenaire pour la paix : l’OLP, qui était notre ennemi, et qui a cessé de s’impliquer dans le terrorisme. Sans partenaires pour la paix, il ne peut y avoir de paix. Nous exigerons qu’ils accomplissent leur part du travail, comme nous accomplirons la notre, pour la paix, afin de résoudre l’aspect du conflit israélo-arabe le plus complexe, le plus long, et le plus chargé en émotions : le conflit israélo-palestinien.
Il s’agit d’un parcours semé de difficultés et de douleur. Pour Israël, il n’est pas de chemin qui soit sans douleur. Mais la voie de la paix est préférable à celle de la guerre. Je vous dis cela en tant qu’ancien soldat, en tant que ministre de la Défense qui connaît la douleur des familles des soldats. Pour elles, pour nos enfants, et dans mon cas, pour mes petits-enfants, je veux que ce gouvernement exploite chaque ouverture, chaque occasion de promouvoir et de parvenir à une paix totale. Même avec la Syrie, la paix sera possible.
Cette manifestation doit envoyer un message au peuple israélien, au peuple juif partout dans le monde, au monde arabe et en fait au monde entier : le peuple israélien veut la paix, il soutient la paix.
Pour tout cela, je vous remercie.





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