La publication en 2013, au Seuil, d'un livre de Patrick Boucheron Conjurer la peur - Sienne, 1338. Essai sur la force politique des images m'a conduit à regarder de plus près ce que sont ces fresques célèbres, intitulées Les Effets du bon et du mauvais gouvernement (en italien Allegorie ed effetti del Buono e Cattivo Governo), peintes en 1338 par Ambrogio Lorenzetti et placées sur les murs de la Sala dei Nove (la salle des Neuf) ou Sala della Pace (salle de la Paix) du Palazzo Pubblico de Sienne.
« Cette peinture, vous l’avez déjà vue (…) pour illustrer tout ce qui est flatteur dans notre modernité. Ici, la Justice, là, l’Équité, plus loin, la Concorde : allégories féminines de beaux noms sonores. (…) Vous les avez vues tant de fois, par exemple sur la couverture de bien des livres, quand des iconographes en mal d’inspiration doivent trouver le moyen de rendre visible une abstraction un peu vague – pour un manuel de droit constitutionnel ou un traité de morale. Mais s’il s’agit d’histoire agraire, d’urbanisme ou de sociologie urbaine au Moyen Âge, Lorenzetti fait aussi très bien l’affaire : son œuvre fourmille de mille traits singuliers qui, croit-on, ouvrent une fenêtre inespérée sur la vie d’alors. »
Les fresques ont été commandées par le gouvernement de la ville de Sienne, qui était gouvernée par neuf citoyens renouvelés entre 1287 et 1355 en un conseil de « gouverneurs et défenseurs de la commune et du peuple ». Il s'agissait de représenter de manière allégorique, les effets d'un "bon gouvernement" sur la ville et la campagne et, a contrario, les méfaits d'un "mauvais gouvernement".
L'allégorie politique
Il est intéressant de déchiffrer les bons ingrédients du bon gouvernement.
La Sagesse, tenant la Bible, est le garant de la Justice dont le bras droit punit les méchants et le bras gauche récompense les bons citoyens.
Au pied de la justice, la Concorde aplanit les litiges entre les citoyens.
Sagesse, Justice, Concorde, trois ingrédients destinés à chasser la peur de la tyrannie et de la guerre civile.
référence de ce qui suit Un grand vieillard barbu vêtu des couleurs de la ville figure le Bien commun. Situées de part et d'autre de celui-ci pour le guider, ses conseillères et les Vertus théologales (Foi, Charité et Espérance) qui planent au-dessus de lui, et des quatre Vertus cardinales (Force, Prudence, Tempérance et Justice) assises à côté de lui avec la Paix, vêtue de blanc, allongée sur un lit posé sur un amoncellement d'armes, le front ceint d'une couronne d'olivier et avec un rameau d'olivier dans la main, ses symboles. À son côté est assise la Force, armée d'une massue et d'un bouclier, pour la fermeté des soldats et fantassins que l'on trouve à ses pieds. Des hommes en armes protègent les citoyens et un groupe de prisonniers ligotés montre l'action des lois et de la justice. Deux nobles à genoux offrent leurs châteaux à la Commune, en faveur de l’état siennois.
Dans les campagnes et dans la ville la paix et la prospérité règnent grâce aux effets du "bon gouvernement":
L'illustration ci-dessus est remarquable ; elle mérite d'être examinée en grand format ici.
L'envers du décor (le "mauvais gouvernement") c'est une campagne ravagée par des soldats, des champs rasés, des cultures rares :
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