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lundi 6 avril 2015

NOTE DE LECTURE N° 5 : LES ROMANS DE PATRICIA CORNWELL (série Scarpetta)

Patricia Cornwell (née en 1956) est une romancière américaine  de romans à succès, parmi lesquels la série qui met en scène le docteur Kay Scarpetta, médecin légiste.



Source de l'illustration


La vie agitée de Patricia Cornwell

Patricia Cornwell est une descendante de Harriet Beecher Stowe, auteur de La Case de l'oncle Tom. Alors qu'elle a cinq ans, ses parents divorcent. Sa mère, dépressive depuis lors, la confie au célèbre prêcheur Billy Graham. C'est alors un couple de missionnaires qui la recueille et lui inculque une éducation rigoureuse. Peu après l'obtention de son diplôme au Davidson College (Caroline du Nord), elle épouse son professeur d'anglais Charles Cornwell le 14 juin 1980. Ils divorcent en 1988.

Elle poursuit sa carrière de journaliste, puis occupe un poste d'informaticienne à l'Institut médico-légal de Richmond en Virginie. Elle s'inspire alors de la directrice de la morgue pour créer le personnage de roman Kay Scarpetta.

Son premier roman Postmortem, publié en 1990 obtient de nombreux prix anglo-saxons du roman policier : le Dagger Award, le Macavity Award, l'Anthony Award et le très envié Edgar Poe Award. En 1992, en France, il obtient le Prix du roman d'aventures.
Elle poursuit avec un fort succès sa série de romans mettant en scène Kay Scarpetta mais elle est dépressive et boit énormément. En 1993, elle a un accident de voiture et est obligée de suivre une cure de désintoxication. C'est également dans cette période qu'elle a sa première liaison homosexuelle. Elle déménage alors à Richmond dans une maison qu'elle transforme en camp retranché, où elle amasse un arsenal domestique et engage une femme garde du corps.

En 2004 ou 2005, elle épouse Staci Gruber, une neurologue réputée de Harvard. Son État de résidence d'alors, le Massachusetts, autorise en effet les mariages homosexuels.


La série Scarpetta

La série des romans mettant en scène Kay Scarpetta comporte 19 titres écrits entre 1990 et 2012 :

  • 1990 : Postmortem (traduction de Gilles Berton), Librairie des Champs-Élysées, coll. « Le Masque » no 2082, Paris, 1992, 311 p., (ISBN 2-7024-2255-1). Rééd. , Éditions des 2 Terres, Paris, 2011 (ISBN 978-2-8489-3093-0) – Titre anglais : Postmortem
  • 1991 : Mémoires mortes (traduction de Gilles Berton), Librairie des Champs-Élysées, coll. « Le Masque » no 2120, Paris, 1993, 315 p., (ISBN 2-7024-2327-2). – Titre anglais : Body of Evidence
  • 1992 : Et il ne restera que poussière... (traduction de Gilles Berton), Éditions du Masque, 1993, 335 p., (ISBN 2-7024-2390-6). – Titre anglais : All That Remains
  • 1993 : Une peine d'exception (traduction de Gilles Berton), Éditions du Masque, Paris, 1994, 360 p., (ISBN 2-7024-7825-5). – Titre anglais : Cruel and Unusual
  • 1994 : La Séquence des corps (traduction de Dominique Dupont-Viau), Éditions du Masque, Paris, 1995, 388 p., (ISBN 2-7024-7827-1). – Titre anglais : The Body Farm
  • 1995 : Une mort sans nom (traduction de Hélène Narbonne), Éditions du Masque, Paris, 1996, 414 p., (ISBN 2-7024-7828-X). – Titre anglais : From Potter's Field
  • 1996 : Morts en eaux troubles (traduction de Hélène Narbonne), Calmann-Lévy, coll. « Crime », Paris, 1996, 348 p., (ISBN 2-7021-2683-9). – Titre anglais : Cause of Death
  • 1997 : Mordoc (traduction de Hélène Narbonne), Calmann-Lévy, coll. « Crime », Paris, 1997, 322 p., (ISBN 2-7021-2818-1). – Titre anglais : Unnatural Exposure
  • 1998 : Combustion (traduction de Hélène Narbonne), Calmann-Lévy, coll. « Crime », Paris, 1999, 348 p., (ISBN 2-7021-2949-8). – Titre anglais : Point of Origin
  • 1999 : Cadavre X (traduction de Hélène Narbonne), Calmann-Lévy, coll. « Crime », Paris, mars 2000, 416 p., (ISBN 2-7021-3092-5). – Titre anglais : Black Notice
  • 2000 : Dossier Benton (traduction de Hélène Narbonne), Calmann-Lévy, coll. « Crime », Paris, février 2001, 496 p., (ISBN 2-7021-3188-3). – Titre anglais : The Last Precinct
  • 2003 : Baton Rouge (traduction de Hélène Narbonne), Calmann-Lévy, coll. « Crime », Paris, février 2004, 440 p., (ISBN 2-7021-3415-7). – Titre anglais : Blow Fly
  • 2004 : Signe suspect (traduction de Andrea H. Japp), Éditions des 2 Terres, Paris, 2005, 506 p., (ISBN 2-84893-016-0). – Titre anglais : Trace
  • 2005 : Sans raison (traduction de Andrea H. Japp), Éditions des 2 Terres, Paris, 2006, 448 p., (ISBN 2-84893-028-4) ou (ISBN 978-2848930282). – Titre anglais : Predator
  • 2007 : Registre des morts (traduction de Andrea H. Japp), Éditions des 2 Terres, Paris, 2008, 467 p., (ISBN 978-2-84893-051-0). – Titre anglais : Book of the Dead
  • 2008 : Scarpetta (traduction de Andrea H. Japp), Éditions des 2 Terres, Paris, 2009, 503 p., (ISBN 978-2-84893-064-0). - Titre anglais : Scarpetta
  • 2010 : L'Instinct du mal (traduction de Andrea H. Japp), Éditions des 2 Terres, Paris, 2010, 503 p., (ISBN 978-2-84893-082-4). - Titre anglais : The scarpetta factor
  • 2011 : Havre des morts (traduction de Andrea H. Japp), Éditions des 2 Terres, Paris, 2011, (ISBN 978-2-84893-087-9). - Titre anglais : Port Mortuary
  • 2012 : Voile rouge (traduction de Andrea H. Japp), Éditions des 2 Terres, Paris, 2012, (ISBN 978-2848931128). - Titre anglais : Red Mist

Des références autobiographiques

La série Scarpetta fourmille d'indices autobiographiques qui ne s'appliquent pas tous au personnage de Scarpetta mais souvent au personnage de sa nièce Lucy ou à d'autres. On relève au fil des romans :

  • les enfants abandonnés par leurs parents,
  • le contexte médico-légal,
  • le contexte psychiatrique,
  • la passion des armes à feu,
  • l'informatique,
  • l'obsession de la sécurité,
  • l'homosexualité,
  • l'alcoolisme,
  • l'addiction médicamenteuse,
  • etc.
En fait le personnage dont Patricia Cornwell est la plus proche est certainement sa nièce Lucy.

Des romans "féminins"

Il est frappant de voir à quel point les relations entre les personnages féminins sont détaillées, nuancées, examinées jusque dans leur racines psychologiques les plus intimes.
Par contre les hommes, même s'ils ont parfois une psychologie complexe sont décrits à grands traits, de manière souvent caricaturale, comme si Patricia Cornwell avait du mal "à se mettre dans leur peau". Un des personnages principaux (Benton) est particulièrement négligé de ce point de vue.

La traduction

Bien que n'ayant pas lu le texte  anglais, il me semble que les derniers romans sont très inférieurs du point de vue la traduction : phrases lourdes, répétitions, ponctuation hasardeuse, etc. Mais il s'agit peut-être d'une évolution du style de Patricia Cornwell.


Le réalisme

Les nombreuses scènes d'autopsie sont décrites avec une précision parfois pénible. Le vocabulaire technique anatomique est omniprésent et on n'épargne pas au lecteur des détails qui ne peuvent lui paraître que sordides s'il n'est pas médecin légiste. La peinture de la distance entre le respect dû aux êtres vivants et les libertés nécessaires prises avec un corps mort est pourtant un des intérêts de ces romans.


Les technologies de pointe

Comme indiqué plus haut, Patricia Cornwell a été informaticienne dans un centre médico-légal et semble avoir un goût prononcé pour les techniques de pointe. De nombreuses longues (trop longues) descriptions nous informent des techniques utilisées par les hackers et autres pirates. En matière de robotique le summum est atteint dans le roman de 2012 Havre de morts. L'auteur, dans son préambule, nous informe que les outils décrits sont effectivement mis en oeuvre ou étudiés, mais on a un peu l'impression de verser dans la science-fiction. Les premiers romans, qui ont été écrits à l'aube des progrès avancés en la matière, ne comportent pas de tels développements.


 L'intrigue

L'intrigue est toujours soutenue, alimentée par des rebondissements divers. On a envie de connaître la fin de l'histoire et on ne lachera pas facilement le livre. On est très loin de Hercule Poirot ou de Sherlock Holmes ! Pas de démonstrations savantes pour arriver à la conclusion de l'intrigue mais des indices matériels, souvent mis à jour lors des autopsies. En général les livres mettent scène des personnages monstrueux, qui font le mal pour le mal, pour satisfaire des instincts sordides. Ce sont sauf exception des hommes et les femmes qu'ils entraînent dans leurs turpitudes sont presque dépeintes comme des victimes. Une faiblesse : les personnages, qui devraient jouer le rôle d'enquêteurs sont souvent partie prenante et personnellement impliqués dans les péripéties des affaires. Kay Scarpetta échappe à un grand nombre d'attentats. On est tenté de dire "trop c'est trop", comme pour ce village anglais, dans le feuilleton Barnaby, où il se passe un meurtre toutes les semaines ! Et quand on croit que c'est fini ça recommence parce que tous les "méchants" ne sont pas morts ou pour d'autres raisons que je ne dévoilerai pas.
Du point de vue du style le suspense est savamment orchestré en crescendo et quand on a un peu l'habitude on se dit : "dans deux ou trois pages il va y avoir une surprise !".
Jusqu'au roman Mort en eaux troubles les volumes peuvent être lus d'une manière totalement indépendante. Mais ensuite, il vaut mieux les lire dans l'ordre de leur parution car ils font référence à des événements antérieurs que Patricia Cornwell tente d'exposer au nouveau lecteur d'une manière plus ou moins habile. Certains dialogues sont totalement artificiels et sonnent faux. Ils n'ont visiblement pour but que de résumer l'antériorité avec de longs développement qui sont incongrus et inutiles puisque les personnages qui dialoguent ont été des protagonistes et connaissent tout ça par coeur.
Une dernière réserve qui est  essentiellement valable pour les derniers romans : la série Scarpetta est largement basée sur des intrigues psychologiques, ce qui n'est pas un défaut. Mais beaucoup trop de pages sont consacrées aux états d'âme des uns et des autres, aux réminiscence du passé, aux regrets et aux remords. À la longue c'est un peu lassant et on a envie de demander aux personnages un peu plus de simplicité, d'autant plus que bien souvent (pas toujours) ces pages ne servent pas l'intrigue.


En résumé

On peut lire la série Scarpetta si on aime les scénarios bien ficelés, les rebondissements, les coups de théâtre et le suspense bien dosé. On a sans doute compris que pour plusieurs raisons évoquées plus haut ma préférence va très nettement vers les premiers romans. Mon conseil de lecture serait de commencer par les six premiers titres, de Postmortem à Une mort sans nom et de ne se lancer dans la suite que si on est prêt à tolérer des faiblesses parce qu'on a vraiment "accroché".










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