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lundi 26 janvier 2015

UN POÈME

Un poème sans titre





Faudrait-il oublier terribles hécatombes
Pauvres corps mutilé que machette pourfend,
Guenilles des enfants, Gavroche fusillé,
Patrice Lumumba dont on ne sait la tombe,

Etoile au fond d’un trou, poète assassiné,
Mille femmes outragées en Somalie lointaine,
Et puis des mains coupées et des corps lapidés
Et la chaise de feu en terre américaine,

Et quel oiseau jamais pourra se rappeler 
Que des oiseaux de fer ont un jour inondé
D’une fiente de mort le détroit du Mékong
Et resserré leurs serres dessus la baie d’Halong ?

Oublié qu’à Sétif, en joli mois de mai
Vingt mille corps humains ont jonché la mosquée,
Quel rossignol saura qu’en un dix sept octobre
La Seine s’est gonflée pour dire son opprobre ?

Quels oiseaux sibériens, ou quelles hirondelles 
Diront rêve brisé en un triste archipel,
Camarade, dans Prague aux dix mille chapelles 
Quel oiseau te dira que la vie était belle ?

A Medhi Ben Barka vous ne sauriez songer,
Et Luther King aussi vous aurez oublié,
Et tant de corps aimés sur une ligne en feu 
De la Meuse à Verdun, des cadavres sans yeux

Sans yeux aussi, sans yeux, quand passent les cigognes,
Tous ceux qu’un jour un train traversant la Vologne
Emmena dans l’enfer pavé d’étoiles jaunes,
Un enfer ici-bas ! Que Dante me pardonne !

Pardonne moi aussi Francesco d’Assisi,
Toi qui dompta le loup sur la terre umbrianne.
A Gubbio le loup n’avait que des amis
Mais d’autres loups viendront à Oradour-sur-Glane

Tu seras avec moi à la table du Père
A dit le Christ en croix au pire des gredins
Et le gredin l’a cru car il n’est sur la terre
Que l’espoir de demain pour oublier Caïn.




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