Le film "Mississipi burning" de Alan Parker est sorti en 1988. Ce n'est certes pas un film parfait car il souffre des tares d'un certain cinéma américain des dernières décennies : des personnages parfois caricaturaux, des dialogues qui manquent de finesse, etc. Mais c'est un film qui mérite d'être vu car il est basée sur une histoire vraie : celle du meurtre, dans la nuit du 21 au 22 juin 1964, de trois militants pour les droits civiques qui se battaient pour l'inscription des afro-américains sur les listes électorales : Michael Schwerner, Andrew Goodman et James Chaney. Ce meurtre, qui a eu lieu dans le Mississipi, a été prémédité, organisé et dirigé par des membres du bureau du shérif local, et a impliqué un groupe de treize membres du Ku Klux Klan, dont sept ont été condamnés (à des peines relativement légères puisqu'aucune n'a dépassé 10 ans de prison).
Source de l'illustration La photo est une reproduction de l'avis de recherche émis par le FBI en 1964 |
Ce meurtre a suscité beaucoup de réactions aux USA. Non seulement à cause de la gravité et de la sauvagerie des faits, mais aussi en raison de l'inertie flagrante des autorités locales.
Au dire des contemporains, cette ambiance délétère a été parfaitement rendue par le film d’Alan Parker ainsi que, plus généralement, l’état d’esprit d’une majorité des citoyens des états du sud à cette époque.
Pour atténuer ce que je disais en avant-propos, je dois d’ailleurs préciser que le film n’est pas dénué de qualités purement cinématographiques : un scénario rondement mené, sans temps morts, des scènes violentes mais crédibles et surtout une excellente photographie.
Je n’apprécie pas beaucoup le jeu très stéréotypé de Willem Dafoe dans le rôle de chef de l’équipe du FBI mais beaucoup plus celui de Gene Hackman dans celui d’adjoint (il était d’ailleurs également très bon dans un film qui a eu son heure de gloire « French Connection » de William Friedkin sorti en 1971).
Mais on aura compris que l’essentiel n’est pas là, mais dans ce que le film dit sur la réalité du racisme envers les noirs au nom d’une pureté de la race qui n’est pas sans rappeler les thèses des groupes néo-nazis actuels. L Église est mise à contribution puisqu’il est rappelé dans le film que la Bible justifierait l’esclavage. Vérification faite par mes soins, il s’agit du verset 27 du chapitre 9 de la Genèse où Noé, pour des raisons assez obscures, et sur lesquelles le théologiens ne sont pas d’accord, a condamné son fils Canaan à devenir l’esclave de ses frères. Pourquoi les noirs ont-ils dû payer la faute supposée de Canaan ? Nul ne le saura sans doute jamais !
Un film dur qui se termine sur une note d’espoir (le FBI a effectivement mis à mal le KKK dans les années 1960-1965) mais qui ne peut faire oublier qu’au cours des années 2015 et 2016 des policiers américains ont été acquittés dans des conditions scandaleuses après le meurtre de jeunes noirs.
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