Ce lexique de philosophie, conçu pour les élèves de terminale, est suffisamment complet pour satisfaire la curiosité de lecteurs non-spécialistes.
Il a été mis en ligne par le site http://philo50.unblog.fr/2009/09/10/lexique-2/
Il est précisé qu'il a été construit à partir d'ouvrages de Cavallier, Durozoi, Grateloup, Lalande, Legrand, Robert, Roussel, Roux-Lanier et Schiffres.
A POSTERIORI : ce qui dérive et est acquis par l’expérience.
A PRIORI : ce qui ne dérive pas de l’expérience.
ABSOLU : comme adjectif, signifie sans limite ni réserve, ce que l’on considère seul et sans rapport au reste. Comme substantif, désigne l’être qui ne dépend d’aucune autre chose et a sa raison d’être en lui-même (Dieu pour les scolastiques en particulier).
Absolu / Relatif : Ce qui est absolu n’a besoin que de soi pour être et pour être conçu. Par opposition, ce qui est relatif a besoin d’autre chose que de soi-même pour être ou pour être conçu. Par exemple, Dieu est l’être absolu, de qui tout autre être dépend, par opposition aux autres êtres, qui lui sont relatifs. Se demander si une certaine chose est absolue ou relative, c’est se mander s’il existe un être en soi de cette chose ou si elle est toujours relative à une autre. Par exemple, si le mouvement est absolu, le détour est relatif. (Occurrences en problématisation : la conscience, l’inconscient, la liberté, la matière et l’esprit)
ABSTRACTION : processus consistant à éliminer par la pensée ce qui est propre à des faits particuliers pour ne considérer que ce qui leur est commun.
ABSTRAIRE : littéralement, « tirer du réel » des éléments de connaissance.
Abstrait / Concret : L’abstrait se définit comme ce qui est irréductible à l’expérience et à la réalité sensible. Le concret est au contraire ce dont je peux faire l’expérience en quelque manière. Par exemple, les trois stylos qui sont sur mon bureau sont concrets, mais le chiffre 3 est quelque chose d’abstrait. (Occurrences en problématisation : l’art, le temps, la matière et l’esprit)
ABSURDE : dénué de sens, contraire à la logique et qui viole les règles du raisonnement.
ACCULTURATION selon l’ethnologie et l’anthropologie : le processus d’apprentissage grâce auquel un sujet s’insère dans une culture donnée. Dans certains cas, il peut s’agir du processus obligatoire par lequel un individu ou un groupe culturel donné subit des modifications brutales (cas de la déportation, de l’émigration économique, d’un changement de statut social ou de la décolonisation). Cette domination engendre généralement la perte des normes collectives et modifie profondément le comportement du groupe dominé au point de provoquer éventuellement des comportements pathogènes (délinquance, alcoolisme, dépression etc.). Généralement, des phénomènes spécifiques d’intégration ethnique se produisent à long terme qui se traduisent par un mélange culturel original (cas du jazz, du rap etc.).
ACQUIS selon l’anthropologie : chez un individu : tout ce qui n’est pas donné dès la naissance, ce qui est appris, le fruit de l’éducation. Aujourd’hui, départager ce qui est de naissance de ce qui est appris demeure au cœur de la question de la nature humaine, ce sont souvent les éthologues qui s’expriment à ce sujet.
ACTE selon Hegel : tous les évènements dont je suis cause, que je les aie connus ou voulus tels ou non.
En acte / En puissance : L’acte est à la puissance ce que l’effectivité complète est à
la virtualité. Ce qui est en acte est pleinement réalisé dans toutes ses potentialités, alors que ce qui est en puissance ne fait que se préparer à être. Par exemple, le gland n’est qu’un chêne en puissance, il n’est que ce qui remplit les conditions nécessaires pour le devenir : mais tous les glands ne deviennent pas des chênes. Etre ceci ou cela en puissance est une condition nécessaire mais non suffisante pour le devenir. le passage de la puissance à l’acte, du virtuel au réel. (Occurrences en problématisation : la liberté, le désir)
ACTUALISATION : se différencie de l’état seulement potentiel d’une réalité, à ne pas confondre avec modernité.
ACTUEL : soit ce qui est lié au présent ; soit la réalité effective, par opposition à ce qui est seulement virtuel ou potentiellement réalisé.
AFFECTIVITE : capacité passive d’une personne à être affectée, touchée. Elle constitue un état d’esprit et est composée essentiellement des émotions, des sentiments et des passions, guidée par le plaisir et
la douleur. Pour la psychanalyse, elle serait la base même du psychisme humain.
AGE d’OR : temps mythique antérieur à l’histoire durant lequel l’humanité aurait vécu en harmonie avec la nature (ex : le paradis terrestre dans la Genèse biblique).
AGRESSION : théorie éthologique (science de l’interprétation des comportements réactionnels) développée par Konrad Lorenz. D’après lui, l’instinct d’agression est une donnée du vivant. Chaque animal social (y compris l’homme), peut gérer cette agressivité grâce à des mécanismes régulateurs : la hiérarchie (organisation pyramidale de l’autorité) et la territorialité (répartition de l’espace vital selon les besoins). Lorsqu’une dérégulation de ces mécanismes advient, on observe une agressivité incontrôlée et croissante.
ALIENATION : littéralement, « fait d’être étranger à soi-même », donc de ne plus maîtriser son action sous la contrainte de facteurs extérieurs (« Nul ne peut aliéner volontairement sa liberté » selon Rousseau) ; en droit : il s’agit de la vente ou la cession d’un bien d’où l’idée que l’on en perd la maîtrise. en psychologie ou en psychiatrie : il s’agit de l’incapacité à dominer ses comportements en tenant compte du monde extérieur (aliénation mentale). au sens hégélien : la conscience s’aliène nécessairement en s’objectivant, en « sortant d’elle-même », en se réalisant concrètement. pour Marx et la sociologie : il s’agit de la perte de son identité, conséquence de diverses pratiques sociales (politiquement, le peuple est privé de ses droits par le pouvoir de la classe dominante ; économiquement, il ne peut jouir du fruit de son travail). Pour Sartre, la liberté de chacun prend la forme d’actes qui risquent à tout moment de le figer, de le chosifier à cause de l’interprétation qu’autrui peut leur donner (thème du regard).
ALLEGORIQUE : du grec « allogon » « différent » ou « autre » ; le sens allégorique suppose une interprétation métaphorique ou symbolique.
ALTERITE : qualité « d’être autre » chez autrui. S’oppose traditionnellement à l’identité, au même.
AMBIVALENCE : se dit d’une réalité faisant l’objet de jugements de valeur contradictoires.
AME : initialement (anima = mouvement), principe de vie et de pensée distinct du corps mais qui le coordonne et l’unifie (Leibniz).Progressivement, est devenue immatérielle voire éternelle (Platon,christianisme). Le dualisme distinguant l’âme du corps (chez Descartes par exemple) pose la question de leurs relations en l’homme.
AMOUR-PROPRE : chez Rousseau, il s’agit d’un sentiment artificiel né dans
la société. Chacun fait plus de cas de soi-même que d’autrui.
ANALOGIE : proportion mathématique ; en logique : raisonnement par ressemblance.
ANALYSE : démarche logique de la pensée consistant à décomposer un tout en ses éléments. En psychanalyse : la cure psychanalytique elle-même.
Analyse / Synthèse : Les notions d’analyse et de synthèse renvoient à deux méthodes distinctes de raisonnement. L’analyse (d’un verbe grec qui signifie décomposer, dissoudre), part d’un tout pour le décomposer en chacune de ses parties. La synthèse (d’un verbe grec qui signifie mettre ensemble) part au contraire des éléments pour remonter vers le tout. Lorsque je recherche les facteurs par lesquels un nombre est divisible (par exemple pour vérifier si c’est ou non un nombre premier), je me livre à une opération analytique. Lorsque je fais une addition, je me livre à une opération synthétique. (Occurrences en problématisation : la démonstration, théorie et expérience)
ANARCHIE : état d’une société privée de gouvernement. L’anarchisme comme doctrine politique prône la suppression de toute autorité « Ni Dieu, ni maître »), à cause de la valeur souveraine de l’individu naturellement bon.
ANOMIE : absence de loi, d’organisation ou de coordination sociale génératrice de désordre.
ANTHROPOCENTRISME : littéralement, considérer l’homme comme centre de toute chose.
ANTHROPOMORPHISME : littéralement, fait de donner une forme humaine à un être (représentations de Dieu ou de la mort).
ANTHROPOLOGIE : étude scientifique de la nature humaine.
APORIE : problème insoluble. (Littéralement : sans ressource ou stérile)
ARBITRAIRE : ce qui est injustifié ou sans fondement réel, on parle par exemple de sanctions ou de punitions arbitraires.
ARCHETYPE : en métaphysique, modèle suprême de la réalité (Idées platoniciennes). En sciences humaines, idée ou structure générale servant de modèle pour classer les objets de la perception (père chez Freud). Chez Jung, principe et matrice suprême rendant la réalité intelligible.
ART : au sens latin initial, il s’agit d’un savoir-faire, d’une activité ordonnée en vue d’une fin autre qu’elle-même (contrairement au jeu) et dont les pratiques sont apprises. Aujourd’hui : généralisation abstraite des beaux-arts donnant lieu à une recherche théorique ou philosophique. Les arts peuvent être envisagés comme des langages spécifiques.
ASCETISME : rejet de toute forme de plaisir qui doit être vaincu.
ATARAXIE : chez les philosophes de l’époque hellénistique, désigne l’absence de trouble et d’agitation de l’âme obtenue par la recherche de plaisirs paisibles et la satisfaction de désirs naturels. Chez Epicure :composante spirituelle du bonheur. Chez Epictète (stoïcien) : résultante de l’activité rationnelle qui anéantit les passions.
AUTARCIE : en grec, « autosuffisance » ; capacité à satisfaire seul ses propres besoins, à être indépendant.
AUTISME : du grec « autos » soi-même ; désigne une pathologie du comportement caractérisée par une grande difficulté de communication avec autrui.
AUTORITE : c’est la puissance de séduction fondée sur l’aptitude à commander pour le bien de ceux qui obéissent.
AUTRUI : qualifie avant tout la distance qui me sépare de l’autre, mais cela suppose aussi entre lui et moi une communauté d’essence.
AXIOMATIQUE : en logique, système déductif dans lequel on explicite toutes les propositions non démontrées et construit les autres propositions du système. Le système des axiomes doit être nécessaire, suffisant et non contradictoire.
BESOIN : n’est pas propre à l’homme, mais désigne l’état d’un organisme guidé par son instinct, lorsqu’il est privé de ce qui assure son bon fonctionnement.
BONHEUR : étymologiquement, ce serait le sentiment très vif de l’instant parfait, idéal, le plus approprié ; les morales antiques proposent d’atteindre un équilibre serein, l’eudémonisme soit par la satisfaction très mesurée des plaisirs chez les épicuriens, soit par l’ascèse (privation, discipline) stoïcienne. Au sens moderne le plus évident, ce serait la satisfaction simultanée et totale de toutes nos inclinations, toutefois le problème demeure entier car la relation plaisir – bonheur n’est pas claire.
ÇA (psychanalyse : das Es) : fondement du psychisme inconscient qui contient d’abord les pulsions libidinales d’origine organique mais également les pulsions refoulées par le Surmoi. Il est régi par le principe de plaisir (recherche de la satisfaction).
CATHARSIS : mot grec emprunté à Aristote (« Esthétique’) qui désigne la purification des passions humaines par leur représentation artistique. En psychanalyse, reprise de ce terme pour désigner le processus de purification du psychisme obtenu, durant la cure psychanalytique, par l’évocation fortuite ou le fait de se ressouvenir délibérément d’un fait traumatisant occulté.
CAUSALlTE : relation ou rapport nécessaire de cause à effet. Hume (empiriste) la situe dans l’expérience sensible, Kant (criticiste) comme relevant « a priori » d’une mise en relation opérée par l’entendement ; se différencie de corrélation qui suppose un lien contingent.
CAUSE : ce qui produit nécessairement un effet (l’échauffement provoque l’ébullition de l’eau).
Cause / Fin : Les notions de cause et de fin, prises ensemble, renvoient à deux types d’explication. La cause est une explication par l’amont, qui se présente comme ce qui a directement produit ce que l’on cherche à expliquer, qui est alors un effet. La fin est une explication par l’aval qui explique la chose par un but, une finalité vers laquelle elle est censée tendre. Dans le domaine du vivant, le mécanisme est une explication par la cause alors que le vitalisme est une explication par la fin. À la question « pourquoi ? », je peux répondre « parce que » (en répondant ainsi par la cause) ou « pour » (en répondant ainsi par la fin). Par exemple : « pourquoi est-ce que j’arrête de fumer ? Parce que le médecin me l’ordonne » (cause) « et pour être en meilleure santé » (fin). (Occurrences en problématisation : l’histoire, le vivant)
CERTITUDE : selon Hegel, c’est la connaissance indubitable que chacun a pour lui-même sans prétendre pour autant qu’il s’agit de
la vérité. La certitude est donc liée alors à la conscience subjective de chacun et non pas à l’existence de l’objet lui-même.
COGITO : intuition cartésienne de notre pensée qui nous permet d’exister comme sujet et détermine ainsi notre nature.
COMMENCEMENT : le premier instant dans le temps et dans l’histoire qui entraîne ce qui suit, se distingue d’origine qui suppose une cause et une production et de fondement qui désigne, en logique, des conditions de possibilité.
CONCEPT : idée générale et abstraite. il s’agit d’une formulation en un terme général de caractéristiques précises à partir des réalités étudiées ou pensées. Le concept renvoie à un contexte épistémologique (description de la formation et de la nature de nos connaissances). Selon l’empirisme, les concepts sont tirés « a posteriori » de l’expérience sensible (voir « abstraire »). Selon Kant (criticiste), ils relèvent de mécanismes « a priori » de l’entendement.
CONNAISSANCE : selon Spinoza, il y a trois genres de connaissance qui se distinguent par : l’ouï-dire ou expérience vague, il en découle un comportement passionnel et superstitieux ; le second correspond à l’usage du raisonnement, notamment de la méthode mathématique ; quant au troisième, il va de la connaissance correcte des attributs de Dieu à la connaissance adéquate de l’essence des choses ; chaque chose ou évènement découle ainsi de l’essence divine qui nous procure la Joie la plus grande.
CONSCIENCE : généralement, faculté de se représenter quelque chose de manière présente, perception immédiate qu’a notre esprit de ses états et de nos comportements. On ne peut la saisir en dehors des actes de conscience : {par conséquent, chaque être se rendant compte de la réalité du monde extérieur et de lui-même, conserve ainsi le sentiment de permanence de son être et peut alors s’interroger et se juger lui-même. Depuis la phénoménologie, il s’agit également d’une manière de « trier le réel » grâce à une structuration a priori de la perception.
CONSECUTION : relation de cause à effet.
CONTINGENCE : caractéristique de ce qui peut ne pas être. C’est le fait de n’être ni nécessaire ni impossible, elle caractérise les êtres, les choses ou les évènements. Pour l’existentialisme et les philosophies de l’absurde : il n’y a aucune nécessité à ce que l’homme existe ou à ce que j’existe.
CONTINGENT : ce qui peut ne pas être ou être autre qu’il n’est.
Contingent / Nécessaire / Possible : Ce qui est nécessaire est ce qui ne pourrait être autrement. Ce qui est contingent, au contraire, est ce qui pourrait être autrement ou ne pas être. Ce qui est possible est ce qui n’est pas, mais qui pourrait être : l’existence du possible, sans être avérée ni nécessaire, ne fait pas contradiction. Il ne faut pas confondre, malgré l’usage courant, le nécessaire avec l’utile ou le souhaitable. Par exemple, ma mort est nécessaire (c’est le résultat d’un programme physico- chimique inexorable), mais sa date est contingente (parce qu’elle peut dépendre en partie de moi) : aussi improbable (et peu souhaitable. ..) qu’il puisse paraître, mon décès dans cinq minutes reste parfaitement possible. (Occurrences en problématisation : l’histoire, le langage, l’existence)
CONTRAINTE : exercice de la force à l’égard d’un individu, en vue de son bien, la contrainte peut être acceptée par celui contre lequel elle s’exerce. Ainsi, la répression politique détermine les devoirs de chacun en respectant la légalité, la contrainte répressive protège ainsi les libertés de chacun.
CONTRAT SOCIAL : transfert volontaire et réfléchi de souveraineté à un « Prince » (Hobbes) ou aux représentants du peuple par volonté générale (Rousseau).
CONVAINCRE : consiste à emporter l’assentiment d’un interlocuteur, son adhésion à une thèse grâce à des arguments jugés rationnels ou dont on reconnaît la valeur de vérité.
CONVENTION : convergence des volontés individuelles qui suppose un accord que chacun respectera. Ainsi, chez Rousseau, le contrat social est une convention marquant le passage de la vie naturelle à la vie en société.
CONVENTIONNEL : caractère d’une décision ou d’un comportement adopté suite à un accord ; par exemple stopper la circulation au feu rouge (en réaction à un signal) est purement conventionnel.
COPIE : imitation exacte d’un objet réel qui le dédouble en nombre et pas en nature, contrairement au clone.
CORRELATION : lien ou rapport réciproque mais contingent, se différencie de causalité qui suppose un lien nécessaire.
CREATION : en métaphysique, on suppose que quelque chose ne peut surgir que d’une puissance productrice (un démiurge).
CREATIONNISME : en biologie, conception qui fait de Dieu le créateur des êtres vivants sur Terre,s’oppose à l’évolutionnisme.
CREER : faire surgir dans un objet un caractère nouveau à partir de rien. En art, l’œuvre achevée se distingue ainsi du matériau brut.
CRISE (d’où critique) : du grec krisis = tri ou discrimination ou kritein = discriminer, trier. Grâce à un tri plus ou moins judicieux, la situation de crise permet donc la discrimination de ce qui doit être conservé par opposition à ce qui peut être éliminé. Ainsi , lors d’un procès, le juge discrimine-t-il ce qui doit être retenu à charge contre le prévenu.
CRISTALLISATION : chez Stendhal, désigne le processus par lequel notre imagination transforme l’objet aimé et lui attribue sans cesse de nouvelles perfections. Terme créé par analogie avec la formation de cristaux brillants sur un objet abandonné dans une mine de sel.
Croire / Savoir : La croyance est une attitude d’adhésion et d’affirmation qui ne dispose pas de preuve pour établir la réalité ou la vérité de ce qu’elle affirme. Le savoir, lui, repose sur une preuve. La distinction entre croire et savoir est alors entre ce dans quoi une vérité semble accessible et ce dans quoi aucune certitude ne parait accessible. Dans les sciences, il y a du savoir, alors qu’en amour, il n’y a que de la croyance, aussi intense puisse-t-elle être. (Occurrences en problématisation : la religion, la vérité)
CROYANCE : au sens courant, le fait d’avoir la certitude qu’une chose est vraie, vraisemblable ou possible, le principe d’une croyance est généralement subjectif parce que son objet n’est pas universellement connaissable et que l’on ne peut faire partager cette certitude autrement que par la persuasion, ce type de croyance est alors la résultante d’un jugement de valeur ; dans un sens différent, on peut adhérer parconviction à certaines croyances objectives, valables pour tout être rationnel (par exemple, croire à l’existence du vide), ce type de croyance est alors la résultante d’un jugement d’existence.
CULTURE : ensemble des productions matérielles ou non matérielles grâce auxquelles l’homme transforme son milieu naturel et dépasse sa propre animalité. Au sens ethnographique, cela désigne l’ensemble des modes de vie, des institutions, des pratiques symboliques d’une société donnée, c’est l’opposé du mot nature (proche du terme civilisation). Au sens marchand, cela désigne certains biens ou produits (livres, films, CD, vidéos etc.). Au sens normatif, ce qu’une société donnée estime devoir transmettre d’universel à ses membres par l’éducation (proche du terme héritage).
DEDUCTION : en général, procédé consistant à impliquer des propriétés particulières à partir de principes universels, d’où l’établissement de la vérité d’une proposition en la faisant dériver d’une proposition première ; opération inverse de l’induction. En logique, raisonnement qui tire d’une ou plusieurs propositions une conclusion parfaitement conforme aux règles de départ.
DEMAGOGUE : du grec « meneur de peuple « ; a un sens péjoratif et signifie celui qui excite les passions de ses concitoyens afin d’obtenir un succès électoral.
DEMOCRATIE : littéralement, en grec ‘pouvoir du peuple », au sens premier (démocratie directe), gouvernement du peuple souverain par lui-même. Selon A. Lincoln « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Le peuple (ensemble des citoyens bénéficiant de droits égaux) y détient
la souveraineté. Aujourd’hui (démocratie indirecte), le peuple est associé à certaines décisions (vote sur la constitution, référendum, élections de représentants etc.) mais le pouvoir est largement délégué à des parlementaires ou à des élus locaux selon la constitution en vigueur.
DEMONSTRATION : Acte consistant à montrer ce que l’on tient spontanément pour vrai, en développant cette vérité (contrairement à la monstration). Les démonstrations mathématiques ou philosophiques ne se rapportent pas forcément à un objet réel mais le plus souvent à un objet défini comme tel. L’adhésion à la démonstration s’appelle le plus souvent la conviction.
DESIR : n’a pas d’objet assigné par l’instinct, contrairement au besoin, mais il est tendance vers ce qui plaît ou attire. On peut désirer l’impossible.
DESPOTISME : régime politique dans lequel tout pouvoir est délégué à un chef qui l’exerce avec plus ou moins de tyrannie.
DESTIN : soit un enchaînement fixé d’avance du cours des évènements d’une existence ; soit à la suite d’une décision libre, ce qui arrive nécessairement ; mais au sens strict, une puissance prédestinatrice fixerait d’avance où, quand et comment les évènements doivent arriver cette conception exclut d’avance la possibilité d’une liberté humaine capable de décider de son sort.
DESTINEE : conception d’après laquelle il existe des situations inéluctables et des circonstances que nous ne maîtrisons pas mais qui laisse place à des décisions humaines ; en religion, conviction d’après laquelle il existerait un projet scellé par une puissance supérieure concernant chaque personne et lui donnant la possibilité de conformer son propre devenir aux signes reçus de l’au-delà (par exemple de Dieu) tout en préservant la possibilité constante d’actes libres ; la destinée donnerait un sens à l’existence du croyant.
DETERMINISME : doctrine, généralement fondée sur la science, selon laquelle l’ensemble des conditions nécessaires pour qu’un phénomène se produise est déjà organisé d’avance. En sciences, le principe de déterminisme (ou de causalité) se formule ainsi : « dans les mêmes conditions, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets ». Il suffirait donc de connaître tous les évènements de la nature à un moment donné pour les prévoir ensuite. Par exemple, en sociologie de l’éducation, on sait que le milieu d’origine des parents oriente très largement le devenir social et professionnel des enfants.
DETERMINATION : une chose est déterminée à être ou à agir comme elle le fait lorsque son existence ou son action est rendue nécessaire par l’existence ou l’action d’une autre chose.
DEVOIR : comme substantif, désigne l’obligation morale, ce à quoi je me soumets volontairement, librement, par respect d’une valeur. Kant la conçoit comme un absolu, « l’impératif catégorique » est une exigence sans compromis circonstancié.
DIALECTIQUE : coexistence de relations d’opposition et d’implication réciproque entre deux forces. Chez les sophistes, art de
la querelle. Avec Platon, art d’interroger et de répondre qui permet une progression ascendante vers l’Idée de Souverain Bien : de la sensation et de l’opinion on s’élève ainsi vers le monde intelligible permettant de connaître l’essence même des réalités c’est-à-dire des idées. Platon recommande son enseignement aux princes philosophes. Chez Hegel, processus continu de mise en œuvre de l’Idée qui se donne des formes de réalisations pratiques. Elle consiste en une évolution et un dépassement (Aufhebung) permanents qui se manifestent dans l’histoire, le droit, la politique etc. et s’approchent par stades de la réalisation ultime de l’Idée (fin de l’Histoire). Chez Marx, processus historique inéluctable consistant d’abord en une évolution pratique de la technicité répondant aux besoins humains (moyens et modes de production : les infrastructures) qui s’accompagne nécessairement et dialectiquement d’évolutions sociales (rapports sociaux de production, lutte des classes) et de transformations des mentalités (droit, politique, religion : les superstructures) .Cette évolution dialectique se fait par phases successives et nécessaires vers le capitalisme et son inexorable suppression par la révolution et l’instauration progressive du socialisme.
DOCTRINE : ensemble systématique de théories données pour vraies.
DOGMATISME : Forme extrême du rationalisme affirmant la possibilité d’atteindre une connaissance absolument
DOUTE (ou épochè en grec et chez Husserl : « mise entre parenthèses} : suspension du jugement. Cela permet de rester dans l’incertitude plutôt que d’affirmer ce que l’on ne sait pas de façon certaine. Le doute cartésien est différent du doute sceptique en ce qu’il est méthodique, hyperbolique, universel et provisoire, mais il constitue un préalable nécessaire à la pensée dans l’établissement de toute certitude.
DOXA : traduite par « opinion » (en grec : « ce que l’on croit}, est irrationnelle, contradictoire et paradoxale (capable alternativement de défendre une idée et son contraire). Elle s’oppose à la vérité chez Platon qui ne pourrait voir le jour que grâce au logos, discours rationnel, cohérent, structuré par les Idéaux.
DROIT (du latin « directus » sans courbure) : l’ensemble des lois qui organisent la vie humaine en société(ainsi les conventions collectives appartiennent au droit du travail) ; il n’est pas nécessairement juste et peut donc être contesté, aménagé et évoluer en fonction des usages, des mœurs, des idéologies ; il peut être oral (droit coutumier) ou écrit (droit positif) ; nous avons subjectivement des droits c’est-à-dire la possibilité d’agir selon la loi (le droit au travail est ainsi un droit subjectif).
DROIT NATUREL : ensemble des lois dictées par le sentiment spontané de
la justice. Chez Hobbes, Rousseau etc., chacun a un droit naturel à tout ce qui est nécessaire pour conserver sa vie. Selon le jus naturalisme (école du droit naturel au XVIlème siècle), les lois positives doivent être fondées sur le droit naturel.
DROIT POSITIF : l’ensemble des lois telles qu’elles sont fixées par le législateur. La désobéissance est sanctionnée par l’Etat. Selon l’école du positivisme juridique (XIXème siècle) aucune loi positive n’est fondée dans le droit naturel.
DUALISME : toute doctrine qui admet deux principes irréductibles, par exemple l’opposition entre esprit et matière ou entre l’âme et le corps chez les cartésiens.
ECOLOGIE : science des relations entre les êtres vivants et leur milieu.
ECOLOGISME : idéologie politique de protection de la nature.
ECONOMIE (du grec t’administration de la maison ») : chez Aristote, l’ensemble des règles qui organisent la vie matérielle de
la maison. L’économie politique est née au XVIIIème siècle avec les physiocrates français (Quesnay) et les libéraux anglais (Adam Smith).
EGALITE : si elle est absolue, elle exclut toute différence ; si elle est relative, elle suppose une distribution en parts égales aux individus égaux, inégales aux individus inégaux.
EMPIRISME (Locke, Hume) : ensemble de théories qui fondent la connaissance sur la perception sensible « immédiate » (sans aucune médiation). A l’extrême, le « sensualisme » réduit la connaissance à un pur rapport du sujet percevant avec l’extériorité, ce qui permet difficilement de rendre compte du fonctionnement même de la réflexion sur le réel.
EMPIRIQUE : du grec « empeiria » expérience, se dit de tout ce qui a sa source dans l’expérience.
ENTROPIE : en sciences physiques, les théories énergétiques (Carnot, Mach, Einstein) désignent ainsi la conversion progressive et universelle qui accompagne nécessairement toute modification d’une source d’énergie en travail.
ENVIE : expression d’un désir (comme le caprice) sans en avoir la durée ou la détermination.
EPICURISME (Epicure, Lucrèce) : théorie de l’antiquité, selon laquelle le bonheur s’obtient grâce à l’assouvissement des plaisirs naturels qui procure la tranquillité de l’esprit.
EPISTEMOLOGIE : étude critique et raisonnée des sciences analysant leurs méthodes et leurs résultats, c’est-à-dire leur processus d’élaboration.
ERREUR : en logique, énoncé contredisant la vérité et invalidant le raisonnement.
ESPECE : en biologie, catégorie d’extension inférieure à la notion de genre : un genrecontient plusieurs espèces, une espèce contient plusieurs variétés. Biologiquement, l’humanité ne constitue qu’un seul genre, qu’une seule espèce, qu’une seule variété. Il n y a de race que pour les variétés animales ou végétales domestiquées par l’homme ; les comités d’éthique, notamment en France interdisant la « domestication » de l’humanité et donc la possibilité de constituer des races humaines.
ESPRIT (du latin spiritus = âme ou souffle) : Caractéristique d’un être doté de pensée, c’est le principe abstrait du sentiment, de l’imagination et de la réflexion qui caractérisent le psychisme conscient, voire inconscient. Durant la période romantique, ce terme a été utilisé à outrance pour désigner un collectif rapporté à un ensemble (ex : l’esprit d’un peuple, l’esprit absolu).
ESSENCE (du latin essentia, mot créé par Cicéron pour traduire ousia) : chez Platon, être stable et éternel qui échappe au devenir corrupteur ; chez St Thomas, l’essence caractérise l’être qui a ainsi la faculté d’exister.
Essentiel / Accidentel : L’essence est ce qui fait qu’une chose est ce qu’elle est, ce qui ne peut être retranché de sa définition sans perdre la chose elle-même. Au contraire, une caractéristique accidentelle d’une chose est contingente pour cette chose : elle pourrait ne pas être sans que la chose dont on parle en soit fondamentalement changée. Se demander, par exemple, si les sens sont toujours trompeurs, c’est se demander si la fausseté est une caractéristique essentielle de la perception, comme s’il y avait dans la nature même de la perception quelque chose qui fait qu’on ne peut que s’y tromper, ou si la fausseté est une caractéristique accidentelle de la perception, ce qui ouvre la possibilité qu’elle puisse, ne serait-ce qu’une fois, accéder au vrai. (Occurrences en problématisation : la religion, la vérité)
ESTHETIQUE : question de la beauté en général et dans les beaux-arts.ou théorie étudiant l’art en général.Chez Hegel, l’étude du beau surtout artistique.
ETAT : au sens large, l’ensemble des citoyens ; au sens strict, c’est le dépositaire de la puissance publique : le gouvernement. Il y a Etat lorsque la fonction politique s’autonomise au sein du corps social et utilise un appareil institutionnel : des fonctions variées sont alors créées et singularisées.
ETAT de NATURE : chez Hobbes, Rousseau etc., désigne ce que serait la condition des hommes sans Etat, une situation « de guerre de chacun contre chacun » ; il s’agit d’une hypothèse méthodologique et pas d’un moment historique ou d’une caractéristique ethnique ou géographique.
ETHIQUE : soit, l’ensemble des principes d’une morale ; soit l’application particulière de ces principes par un individu ou un groupe.
ETHNOCENTRISME : attitude consistant pour les membres d’une société à se considérer comme les représentants d’une civilisation supérieure à toutes les autres, comme un modèle pour l’humanité, comme son centre. Phénomène très accusé dans notre société en raison des importants pouvoirs de pénétration et de destruction que lui confère la techno science industrielle.
EUGENISME : en biologie ou en politique, doctrine fondée sur une idéologie politique de la supériorité raciale et s’appliquant à sélectionner les individus jugés dignes de perpétuer ou d’améliorer la race tout en procédant à l’interdiction de certains mariages, à la ségrégation systématique ou à la stérilisation de groupes humains jugés inférieurs ou impurs.
EVOLUTION : changement se mesurant dans le temps qui peut être positif, négatif ou neutre.
EVOLUTIONNISME : en biologie, doctrine selon laquelle la loi générale du développement des êtres vivants est la différenciation accompagnée d’intégration vers de plus en plus d’hétérogénéité ; ainsi le système solaire se serait d’abord formé puis les espèces chimiques, puis les êtres vivants, les facultés intellectuelles et, finalement, les institutions sociales ; chez Darwin, cela suppose la sélection naturelle et la lutte pour la vie ; s’oppose au créationnisme.
EXIGENCE : soit ce que la raison requiert à la suite d’un jugement et estime indispensable en vertu d’une autorité morale ou intellectuelle ; soit ce que l’on impose en vertu d’un pouvoir.
EXISTENCE: littéralement, « se tenir hors de soi » (ek-sistere), le vécu de chaque personne par opposition à son essence qui, elle, serait définie une fois pour toutes. Selon l’existentialisme, l’essence humaine(liberté) préexisterait comme « matrice » vivante mais l’existence serait le véritable lieu d’expression de cette liberté toujours en devenir. L’existence, se différencie de la notion de vie, et suppose la possibilité d’un projet, le rapport à ce qui peut être et à ce qui a été. L’essence d’une personne ne serait donc définitivement fixée qu’à sa mort.
EXPERIENCE : Suppose un contact direct (empirique) avec l’objet. Dans le cas des sciences, on parlera plus volontiers d’expérimentation consistant à démontrer une connaissance ou une hypothèse antérieure.En un sens différent, cela désigne les acquis d’un individu. Ainsi, Nietzsche disait-il : « La vie ne m’a pas déçu. Je la trouve d’année en année plus riche, plus désirable, plus mystérieuse depuis le jour où m’est venue cette pensée, que la vie pouvait être une expérience de celui qui cherche la connaissance »
Expliquer / Comprendre : Dans cette distinction, l’explication signifie la détermination par les causes, alors que la compréhension interprète le sens. Cette distinction fait donc figure de ligne de partage entre les sciences de la nature, qui déterminent leurs objets par des lois et les sciences de l’esprit ou sciences humaines, qui interprètent des signes. (Occurrences en problématisation : l’interprétation, l’inconscient, le vivant)
En fait / En droit : La notion de fait renvoie à ce qui est, alors que celle de droit renvoie à ce qui devrait être. Analyser ce qu’il en est « en fait » suppose implicitement qu’on le fasse à partir de ce qui devrait être « en droit », c’est-à-dire d’une norme permettant de penser ce fait. Par exemple, la notion d’existence est difficile à penser dans la mesure où je n’existe que de fait : aucune norme, aucun droit ne me permet véritablement de faire face à ce fait. (Occurrences en problématisation : la démonstration, le droit et la justice, théorie et expérience, le vivant)
FINALITE : fait de tendre vers un but et d’aménager les moyens pour l’atteindre
FINI, FINITUDE : par opposition à l’infini, le fini désigne ce qui est limité et peut donc être mesuré. Lafinitude caractérise la condition humaine soit comme immanente* dans la tradition chrétienne, contrairement à la transcendance* et à la perfection divine ; soit dans l’existentialisme comme contingence* radicale du devoir-mourir.
Formel / Matériel : La forme donne ses déterminations et ses limites à ce qui sans elle resterait indéterminé et indéfini. La forme peut alors, dans l’usage courant, se comprendre comme contenant et la matière comme contenu. La tradition classique a pensé la prééminence d’une forme préalable à la matière, mais avec l’impressionnisme en art, on peut penser la forme comme étant au contraire le résultat de la matière. (Occurrences en problématisation : l’art, la démonstration, la matière et l’esprit)
Genre / Espèce / Individu : Le genre renvoie à un terme qui en englobe d’autres et qui possède par rapport à eux une extension plus grande. Par exemple, le genre des mammifères englobe l’espèce des macaques et des chimpanzés. L’individu est le plus petit élément de chaque espèce, celui qu’on ne peut diviser et celui au-delà duquel le dénombrement n’a plus lieu d’être. À l’intérieur de chaque genre, les espèces et les groupes d’individus peuvent être distingués les uns des autres par des différences spécifiques. Par exemple, toutes les productions artistiques individuelles appartiennent au genre des productions techniques : pour dire en quoi l’art se distingue de la technique, il faut identifier la différence spécifique qui le distingue des productions techniques en général. (Occurrences en problématisation : l’art, le vivant)
HISTOIRE : Science du passé de l’humanité que l’on limite à l’apparition de l’écriture. Il s’agit, étymologiquement et depuis Hérodote, d’une reconstruction sous forme d’enquête personnelle et non pas simplement d’une compilation d’archives. Toutefois, cette reconstruction ne saurait être arbitraire : il existe aujourd’hui une méthode historique positive (Langlois et Seignobos – Introduction aux études historiques, 1897). Dès l’antiquité, Hérodote (~484 – 425) tente de produire une forme interprétative de l’histoire. il s’agit de traiter de tous les hommes comme l’indique l’emploi du terme ἀνθρώπων / anthrốpôn et que vient souligner la complémentarité : « tant les Grecs que les Barbares ». Il s’agit également de faire œuvre de mémorialiste : « afin que le temps n’abolisse pas les travaux des hommes ». Enfin, Hérodote prétend rivaliser avec le poète épique, en se proposant de commémorer les exploits des hommes. Néanmoins, contrairement à l’aède, Hérodote n’entend pas décrire de lointains événements, comme la guerre de Troie, mais des faits très récents, notamment les guerres médiques. Thucydide (~450 – ~385), quant à lui, fut le premier véritable historien au sens où il rationalisait les faits et explorait les causes profondes des événements, en écartant tout ce qui procède du mythe ou de la rumeur : pour lui, la qualité fondamentale de son métier est l’exactitude, qui implique l’impartialité, et son premier devoir consiste donc à rechercher
la vérité. Lui-même expose d’emblée sa méthode, en expliquant le soin qu’il a mis à recueillir tous les documents, tous les témoignages, et à les comparer pour en tirer ce qu’ils contenaient de vérité.
HYPOTHETICO-DEDUCTIF : en logique et en mathématique, se dit de l’enchaînement des propositions qui part d’un système d’hypothèses axiomatiques et parvient à l’énoncé de nouvelles propositions déduites des premières.
Idéal / Réel : La distinction entre idéal et réel est proche de la distinction entre abstrait et concret : l’idéal est irréductible au réel et ne peut pas faire l’objet d’une expérience possible. Un nombre est abstrait, il est donc une idéalité : dans la réalité, on ne rencontre pas de nombre. La différence spécifique de cette distinction réside en ce que l’idéal est également porteur d’une valeur normative, et en vient donc à désigner un devoir-être. La distinction entre idéal et réel ajoute, en ce sens, à l’abstrait et au concret les valeurs portées par la distinction en droit / en fait. Par exemple, on peut dire du bonheur qu’il est un idéal, si l’on veut dire par là qu’on ne le rencontre jamais vraiment tout en ne cessant jamais de le rechercher. (Occurrences en problématisation : l’art, le bonheur, le désir)
IDEALISME : au sens non philosophique, ce terme désigne « l’aspiration à un idéal noble distinct des réalités empiriques et quotidiennes » ; contraire de réalisme ; soit doctrine philosophique d’après laquelle il ne peut y avoir de réalité en dehors de la représentation que l’on peut en avoir. Terme utilisé dans des sens variés à propos des théories de Platon (réalisme des idées), Berkeley (immatérialisme), Kant (idéalisme partiel et critique), Fichte (idéalisme subjectif) et surtout Hegel (idéalisme pur), ce terme désigne généralement la valeur ou la place prépondérante accordée aux idées par opposition à la matière (idéalisme ontologique : la matière est réductible à la pensée), ou au réel dans la valeur même de la connaissance(idéalisme gnoséologique : l’objet de la connaissance est réductible au sujet connaissant) par ces systèmes, contraire de réalisme .
IDEE : en général, proposition qui formule un jugement. Chez Platon, on observe un renversement dans le sens du mot eidos (traduit du grec par « aspect », « face » et venant du verbe voir) qui utilise le terme dans le sens de la réalité intelligible et invisible des choses. Chez Kant, construction de l’esprit (intelligible) qui se traduit au mieux dans le langage (noumène), distincte de l’objet sensible (phénomène).
IDENTITE : les caractéristiques individuelles de quelqu’un. Entre deux objets : leur parfaite similitude.
Identité / Égalité / Différence : C’est la notion de différence qui permet de distinguer l’identité de l’égalité. L’égalité admet les différences, alors que l’identité entre deux choses suppose qu’il n’y ait aucune différence entre elles. Il n’y a qu’en mathématiques qu’une identité est aussi une égalité (par exemple, les identités remarquables sont des égalités comme (a + b) 2 = a2 + 2ab + b2). En revanche, quand nous défendons l’idéal d’une égalité entre les hommes, nous ne les prenons pas pour des êtres identiques : mon voisin n’est pas mon clone. L’égalité de droits entre les hommes n’a justement de sens que dans le respect de leurs différences et de l’identité de chacun. (Occurrences en problématisation : la justice et le droit)
IDEOLOGIE : ensemble d’idées collectives reflétant et constituant une « vision du monde ».
ILLUSION : du latin « illudere », littéralement « être joué », croyance contredisant la réalité.
IMAGINATION (en latin « imitation par des images’) : soit la faculté de l’esprit de se représenter ou d’évoquer des images d’objets déjà perçus ; soit la faculté de produire des images d’objets que l’on n’a pas perçus ou de faire des combinaisons nouvelles d’images ou d’idées ; chez Pascal, elle est trompeuse car elle nous pousse à sur interpréter, mais elle est aussi capable de « donner du prix » aux choses contrairement à
la raison. Chez les auteurs modernes (dès Hegel, Bachelard etc.), elle constitue une faculté positive et créatrice avec laquelle il s’agit de composer.
IMMANENCE : dans le vocabulaire religieux, désigne la présence du divin et du sacré dans la nature environnante (panthéisme) ou dans l’humain (incarnation).
IMMANENT : désigne ce qui intérieur à l’être ou à la pensée.
IMPERATIF : chez Kant, l’impératif hypothétique est la formulation d’une obligation morale conditionnelle (« il faut faire ceci si je veux obtenir cela’), alors que l’impératif catégorique est la formulation d’une obligation morale inconditionnelle (« il faut faire ceci parce qu’il le faut »).
IMPRESSION : action directe consciente ou inconsciente d’une chose sur mon corps. L’état qui en résulte est antérieur à la sensation.
IMPUTER : attribuer la causalité d’un acte à un être libre, c’est-à-dire responsable.
INCONDITIONNE : ce qui n’est pas soumis à la condition d’autre chose ; Dieu est inconditionné pour le croyant.
INCONSCIENCE : état dans lequel la conscience a disparu : le coma est un état d’inconscience. En morale, acte qui échappe à notre perception consciente, donc acte non lucide et irresponsable.
INCONSCIENT : comme substantif, en psychologie et en psychanalyse, ensemble des idées, fantasmes, représentations qui échappent à notre perception consciente (rêve, lapsus, oubli, automatisme, mot d’esprit, émotion, acte manqué etc.). Cette théorie est développée par Freud, neurologue autrichien, à partir de ses observations de cas pathologiques, à la fin du XXème siècle. Selon lui, l’appareil psychique (âme) serait essentiellement inconscient et fondé sur l’instinct sexuel (libido d’origine biologique). Les mécanismes mis en lumière par Freud expliqueraient nos comportements inconscients (rêves, lapsus, oublis, actes manqués, automatismes, mots d’esprit, émotions etc.) mais aussi ce qui est plus proprement conscient (jugements, raisonnements, souvenirs, imagination, etc.). Notre personnalité serait d’abord construite sur l’affectivité (théorie des stades de développement de la personnalité) et victime de divers traumatismes subis dès l’enfance. Ces chocs affectifs structureraient notre inconscient qui nous caractériserait notre vie durant. Pour dépasser la souffrance créée par les troubles affectifs ressentis à l’âge adulte, la cure psychanalytique consiste à révéler à la conscience, par le transfert affectif sur la personne du psychanalyste, ces traumatismes qui étaient devenus inconscients pour mieux les gérer consciemment. Par la suite, Freud généralisera sa théorie et introduira l’idée d’une influence totale de l’inconscient sur la civilisation (« Malaise dans la civilisation ») dans les domaines de l’art (de Vinci), de la religion (« Totem & tabou »), de la philosophie etc.
INCONSCIENT COLLECTIF : théorie développée dès les débuts du mouvement psychanalytique par Jungqui estime que notre structuration psychique est d’abord opérée par des archétypes d’origine socioculturelle devenus inconscients.
INDIVIDU : l’élément d’un ensemble, humain ou pas, ce terme désigne une unité.
INDUCTION : en général, procédé d’établissement de la vérité d’une proposition à partir d’une pluralité de cas concrets qui illustrent cette affirmation, s’oppose à
la déduction. En logique, raisonnement qui extrapole à partir d’une conclusion (l’effet), pour en tirer une cause supposée qui serait conforme à la proposition de départ. En sciences expérimentales, l’opération rationnelle consiste à formuler une loi générale à partir de l’observation de faits particuliers, ou encore à remonter des faits à la loi (par exemple du symptôme à la maladie). Cette opération de l’esprit présente des limites : (par exemple, il est impossible de vérifier tous les cas d’ébullition de l’eau. D’où le caractère herméneutique et parfois incertain de la plupart des sciences, surtout des sciences humaines.
INEFFABLE : ce que le langage ne peut traduire en mots, soit par inadéquation d’une langue à l’autre (cas de la traduction), soit parce que la réalité que l’on souhaite désigner possède un caractère absolument singulier.
INFRASTRUCTURE : selon Marx, elle constitue la base économique (modes de production, outils, division du travail etc.) d’une société donnée. D’elle naissent les autres caractéristiques d’un mode de production spécifique : les superstructures (modes de vie, idéologies politiques, religieuses, philosophiques, artistiques etc.).
INNE : caractérise ce qui est dès la naissance chez les êtres vivants.
INSTINCT : en éthologie animale, programme de comportement propre à tel ou tel genre, espèce, variété ou race animale, ne s’utilise pas pour l’homme qui dispose de pulsions.
INSTITUTION : fonction politique à laquelle on confère une existence positive.
INTELLECTUALISME (Platon, Descartes et Leibniz) : il s’agit de la prépondérance donnée à l’entendement qui serait ainsi le fondement de la connaissance et (parfois) de l’action.
INTERET GENERAL : le bien collectif de la communauté dont chacun a une conception personnelle.
INTERET PARTICULIER : le bien particulier de chacun qui peut éventuellement s’opposer à l’intérêt général.
INTERPRETATION : C’est soit l’action d’expliquer, de donner une signification claire (à un signe ou un ensemble signifiant obscur), soit le résultat de cette action. En se différenciant de la démonstration plus adaptée aux sciences mathématiques ou aux sciences de la nature (ou sciences physiques), l’interprétation ou herméneutique est au cœur des sciences humaines aujourd’hui en pleine expansion. L’interprétation s’est inspirée initialement de la connaissance religieuse (ou exégèse) et prend le risque d’être fortement subjective, voire arbitraire. C’est d’abord son objet même (l’humanité simultanément sujet et objet) qui est en cause. En second lieu, il s’agirait de s’interroger sur l’ambition des chercheurs qui tentent de généraliser leurs explications à de nombreux faits humains (voir le principe de falsifiabilité chez Popper, par exemple). Avec Dilthey, on distinguera deux manières de comprendre les faits : soit par l’explication(spécifique aux sciences physiques ou « sciences de la nature »), soit par la compréhension (méthode à privilégier dans les « sciences de l’esprit » ou sciences humaines, même si la subjectivité ne saurait en être absente). Selon Dilthey, les sciences humaines subjectives devraient être centrées sur une « réalité humaine-sociale-historique ». À ses yeux, l’étude des sciences humaines implique l’interaction de l’expérience personnelle, la compréhension réflexive de l’expérience et l’empreinte de l’esprit dans les gestes, les mots et l’art. Dilthey soutenait que tout enseignement doit être envisagé à la lumière de l’histoire, sans laquelle la connaissance et la compréhension ne sauraient être que partielles.
INTROSPECTION : méthode d’observation intérieure de soi-même dans laquelle une personnalité (moi) est constituée distinctement du soi original et conscient qui l’observe (je).
Intuitif / Discursif : La distinction entre l’intuitif et le discursif peut se comprendre à partir de celle de l’analyse et de
la synthèse. Une démarche intuitive consiste dans la saisie directe et synthétique d’un tout, alors qu’une démarche discursive est une construction progressive et analytique de
la pensée. On peut, par exemple, se demander si une démonstration logique peut ne reposer que sur une analyse discursive formelle ou bien si elle peut s’autoriser le recours à l’intuition, comme la figure de l’exercice de géométrie en joue le râle. (Occurrences en problématisation : la démonstration, la religion)
INTUITION : désigne une pensée vague aux contours ou aux contenus indéterminés. En psychologie : une sorte de flair ; en épistémologie : l’intuition sensible désigne l’appréhension sensorielle d’un phénomène.
JUGEMENT : acte de la raison prenant position sur la réalité en mettant en relation au moins deux concepts ou un individu et un concept ; on distingue le jugement d’existence ou de fait ou de réalité ne décrivant objectivement que ce qui est du jugement de valeur qui porte une appréciation subjective sur ce qui est. Dans une autre acception, il s’agit de la faculté permettant d’apprécier, selon certains critères, les conceptions de l’esprit qui ne font pas l’objet d’une connaissance immédiate certaine, ni d’une démonstration rigoureuse (par exemple Kant à écrit une « Critique de la faculté de juger » traitant par exemple de l’esthétique, de la finalité de l’univers et de l’existence de Dieu).
JUSTICE : désigne soit la vertu morale consistant à respecter une norme universelle ; soit l’institution chargée d’appliquer les lois d’un pays (son système judiciaire).
LANGAGE : fonction psychophysiologique d’expression par un individu de sa pensée ; elle suppose l’existence et la maîtrise individuelle préalables d’un système de signes et de codes (la langue comme référentiel) ; l’exercice du langage (par la parole, l’écriture, la gestuelle, la mimique ou autre) est destiné à la communication, à la transmission d’un message. On parlera ainsi de langage mathématique ou pictural etc. Chez Chomsky, il s’agit du domaine de la compétence linguistique acquise.
LANGUE : système de signes et de codes marqué par l’histoire et relativement indépendant des individus qui la maîtrisent ; ce système permet l’expression d’abord verbale de la pensée, caractérise un groupe humain souvent une nation et s’impose de l’extérieur aux membres de ce groupe ; ce système suppose des règles précises d’organisation évoluant peu (entre autres, une syntaxe, une phonétique et un lexique).
LATENT : en psychanalyse, se dit du sens présent mais actuellement caché, par opposition au « sens manifeste ».
Légal / Légitime : La légalité est une notion technique : c’est la conformité à un code réglementaire écrit, à un droit positif : La légitimité, en revanche, se comprend comme conformité à un ordre moral. Par exemple, protester contre l’injustice d’une loi, c’est juger la légalité à partir de la légitimité. (Occurrences en problématisation : la justice et le droit le devoir)
LEGALITE : tout ce qui est conforme au droit positif. Toutefois, certaines lois peuvent ne pas être légitimes.
LEGITIMITE : tout ce qui est conforme au droit naturel, au sens spontané de la justice.
LIBERTE : Capacité d’agir ou de ne pas agir selon la seule volonté (libre-arbitre). A la limite, elle se nie elle-même en ne pouvant pas trancher et risque de se commuer en liberté d’indifférence. C’est aussi la capacité de choisir entre plusieurs actions selon leur nature ou leur(s) conséquence(s) (liberté morale). L’origine du choix pourrait être prédestiné (la grâce pour les religions), ou encore rechercher systématiquement le bien (cas du stoïcisme), ou n’obéir qu’à la raison (Spinoza). On admet dès lors que tout choix soit déterminé.Selon d’autres conceptions (idéalisme absolu de Hegel, par exemple), la conscience individuelle se fonde par l’action et transforme la nécessité des lois naturelles en réalisations culturelles multiples (art, droit, politique etc.). C’est ainsi que se manifeste la liberté de chacun. Avec l’existentialisme, Sartre introduit l’idée que la liberté est le constituant essentiel de l’humanité. Elle est sans limite, c’est un fait comme celui que j’existe (facticité), il en découle une responsabilité, également totale.
On voit aisément combien la notion de liberté est étroitement liée à celles de déterminisme, de contrainte ou de désir.
LIBRE ARBITRE : synonyme de liberté d’indifférence par opposition à déterminisme, puissance d’agir sans autre cause que l’existence même de cette puissance, sans aucune raison, sans aucun motif. Selon le philosophe médiéval, Buridan, la liberté d’indifférence représente l’incapacité d’agir où nous nous trouvons en face d’un choix simple (deux aspirations de même force). Pour Descartes, « c’est le plus bas degré de la liberté ».
LOGIQUE : du grec, « logos » parole et raison ; soit l’ordre de la pensée ; soit la science qui traite des conditions et des structures de la pensée rationnelle.
LOGIQUES : désigne dans certains cas l’ensemble des fonctionnements de la pensée et du comportement obéissant aux objectifs du désir (logiques du désir) davantage qu’à ceux de la pensée rationnelle. Les logiques de la passion sont encore plus extrêmes, se justifiant dans la mauvaise foi plus ou moins consciente.
LOGOS : en grec, parole et raison ; ce terme renvoie tant à l’unité de la pensée et du langage qu’à
la rationalité. D’où le mot logique et tous les termes scientifiques utilisant « -logie » comme suffixe.
LOI NATURELLE ou de NATURE : en droit, comme la loi positive, elle est impérative mais pas inéluctable puisqu’elle commande à ce qui nous paraît juste naturellement. Chez Hobbes, Rousseau etc., impératif dicté ~ la raison qui oblige l’humanité à rechercher la paix.
LOI JURIDIQUE : ce qui prescrit, autorise ou interdit certains actes sociaux. Cette règle est donc un instrument du pouvoir et de son exercice qui les justifie.
LOI MORALE : formulation du devoir selon une règle objective de la volonté conforme à ce que notre raison nous impose.
LOI de la NATURE ou LOI SCIENTIFIQUE : en sciences expérimentales, elle est inéluctable et relative à la « physis » (nature en grec), loi qui exprime un rapport objectif et nécessaire entre deux ou plusieurs phénomènes qu’elle désigne et qu’elle peut quantifier mathématiquement, des procédures expérimentales de vérification doivent pouvoir l’infirmer ou la vérifier.
LOI du TALION : dans l’Ancien Testament, consiste à faire subir au coupable exactement le même dommage que celui causé à
la victime. L’instance chargée de l’exécution de la sentence peut être indifféremment la victime ou une instance indépendante.
LUTTE des CLASSES : (selon Marx), c’est le produit de l’infrastructure économique d’une société donnée. il y a opposition radicale d’intérêts, d’idéologie, de mode de vie entre les deux classes principales (par exemple capitaliste et prolétaire) à cause de leur mode de production économique (par exemple industriel) qui prédétermine une division et une opposition entre classes sociales qui finalement aboutit à un affrontement inévitable et nécessaire.
MACHINISME : en biologie, selon cette théorie le vivant est comparable à une machine très complexe.
MALIN GENIE : hypothèse psychologique qui soutient le doute cartésien. Descartes utilise également la fiction méthodologique du Dieu trompeur dans le processus du doute hyperbolique.
MATERIALISME : doctrine d’après laquelle la matière constitue toute la réalité, elle nie donc l’existence de phénomènes non matériels (l’existence de Dieu) ou bien les associe à des effets (modalités ou qualités) de mécanismes matériels (la conscience est produite par le cerveau : « le cerveau secrète de la pensée comme le foie secrète de la bile » Ribot) ; Démocrite et surtout Epicure (interprété par Lucrèce) en sont les représentants majeurs dans l’antiquité ; le « matérialisme historique » désigne le marxisme comme une analyse systématique de la réalité économique, sociale et politique, dont les éléments matériels sont soumis à une logique historique inéluctable ; s’oppose au spiritualisme ou à l’idéalisme.
MATIERE (du latin « cœur de bois » venant du grec hylé) : la substance – dont les « corps » sont faits - est comprise depuis Démocrite (460 – 370) comme un arrangement d’atomes. La physique moderne lui adjoindra la notion de masse (Galilée, Gassendi, Leibniz) puis celle d’énergie (théorie de la relativité), après en avoir fait une substance géométriquement étendue, à partir de Descartes. La matière constitue aujourd’hui, pour les philosophes, le tissu de l’extériorité, à partir duquel la connaissance constitue le réel.
MAXIME règle subjective de la volonté d’après laquelle on organise son action.
MECANISME : en biologie, selon cette théorie les phénomènes vitaux découlent des propriétés de la matière ; s’oppose au finalisme.
Médiat / Immédiat : L’image du médiateur peut nous aider à comprendre la différence entre ce qui est immédiat et ce qui résulte d’une médiation. L’intervention d’un médiateur suppose qu’un processus faisant intervenir une tierce personne est nécessaire pour accorder deux groupes de personnes et arriver à un but. Ainsi, ce qui est médiat est le résultat d’un processus ayant impliqué un intermédiaire. Par exemple, notre liberté en tant qu’être humain n’est pas immédiate : nous devons en passer par la médiation du travail. Ce qui est immédiat n’a donc besoin d’aucun temps ni d’aucun processus pour être obtenu. L’immédiat est donné tel quel, alors que ce qui est médiat a été construit. (Occurrences en problématisation : la perception, le bonheur, la liberté)
MEMOIRE : dans un ordinateur par exemple, cela désigne la capacité de conserver une donnée sous forme d’image, c’est-à-dire de passer du potentiel à l’actuel, sans conscience du temps. L’idée de mémoire humaine suppose, au contraire, qu’il n’y ait pas réduction du cerveau à une simple fonction informatique qui conserverait et actualiserait des données, mais que nous avons conscience du temps dans son déroulement (de l’avant ou de l’après).
METAPHORE : étymologiquement « le transport au travers de » ou déplacement opéré dans les mots pour désigner une chose soit en lui appliquant les qualités d’un autre mot soit en transférant un sens d’une chose à l’autre.
METAPHYSIQUE : soit une partie de la philosophie qui s’intéresse aux causes premières, aux fins dernières etc. et dont l’objet échappe à l’expérience ; soit, pour certains, la philosophie elle-même en tant qu’elle traite des idées les plus universelles telles que la Vérité, l’Etre, le Beau, le Bien etc.
METHODE (du grec « méthodos » poursuite, recherche ou « méta hodos » : chemin vers) : soit l’ensemble de procédés ou de directives suivis dans un domaine déterminé en vue d’atteindre un objectif ; soit un programme réglé comportant un ensemble de moyens déterminés et précis fixés par l’esprit que l’on s’impose de suivre afin de découvrir ou d’établir la vérité.
MOBILE : impulsion donnée à la volonté par la sensibilité, sous forme d’accomplissement d’une satisfaction immédiate.
MODELE : soit il s’agit de ce qui sert ou doit servir d’objet d’imitation comme référence matérielle pour élaborer une représentation réelle, concrète et empirique (le modèle du peintre) ; soit, en morale ou en politique, il s’agit d’une référence idéale et abstraite (ou paradigme) servant à conformer la réalité et permettant une meilleure compréhension voire une meilleure action pratique (le devoir moral kantien ou encore le modèle utopique de la révolution permanente ou du libéralisme politique) ; soit c’est lareproduction technique elle-même qui matérialise précisément et concrètement l’objet réel (la carte géographique ou le modèle réduit) ; soit, en sciences, c’est la représentation abstraite et parfois simplifiéed’un processus ou d’un système connu, cette représentation a une valeur explicative (heuristique) et permet une meilleure compréhension voire une meilleure action pratique (modèle mathématique ou modèle de virus).
MOI : au sens du Je, il s’agit du sujet qui se pense lui-même ou de la conscience réfléchie. Selon la psychanalyse (das Ich) : instance largement inconsciente du psychisme. Le Moi est confronté à trois forces antagoniques qui tentent de le déstabiliser : la puissance des désirs du ça, la force des censures du Surmoi et la pression interprétée venant du monde extérieur. Par excellence, c’est une instance de conflits dont le rôle peut être menacé et les limites disparaître sous l’effet de substances psychotropes (alcool, drogue etc.) ou dans d’autres cas (fatigue, stress, aliénation mentale etc.). Il est régi par le principe de réalité (perception du monde extérieur).
MORALE : Art ou science de se comporter dans l’existence selon certains principes (essentiellementbons ou mauvais). La morale étant liée à l’action, elle pose la question de la liberté dont elle tire sa source et qu’elle implique puisque l’on ne peut pas ne pas agir. De fait, la morale est probablement plus ancienne que la philosophie, ne serait-ce qu’au travers des discours religieux. Les philosophes tentent, quant à eux, d’établir les principes d’une morale dès les présocratiques. Avec Kant, elle trouve une issue radicale puisque la loi morale kantienne ne peut se trouver qu’en chacun de nous sous la forme de l’impératif catégorique commandant de n’agir qu’après avoir réfléchi aux conséquences de la généralisation de nos actes (« Fais en sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle« ). Nietzsche, analysant le revers de la médaille, dénoncera toute morale qui pourrait nous rendre impuissants à agir autrement que par pur conformisme. Parce que cette attitude serait le gage d’une frustration, d’un ressentiment (morale des esclaves) et, par voie de conséquence, d’une violence illimitée à l’égard de ceux qui oseraient créer leur propre voie, inventer leur propre existence (morale des maîtres).
Aujourd’hui et singulièrement depuis Arendt et Jonas, la réflexion éthique s’oriente davantage vers la question de la responsabilité, en particulier écologique, dont nous sommes investis du fait même que nous sommes devenus à part entière des transformateurs de la nature et donc son partenaire dans l’édification de sa propre histoire (par exemple dans la modification voire la suppression de nombreuses espèces vivantes).
MORALE PROVISOIRE : chez Descartes, règles de vie énoncées lorsque l’auteur ne possède plus aucune certitude mais continue à vivre en société (3ème partie du Discours de la Méthode).
MOTIF : impulsion donnée à la volonté ~ la raison, sous forme d’argument réfléchi.
MYTHE : au sens strict, il s’agit d’un récit sacré dans une société traditionnelle. C’est un texte fondateur du groupe que l’on évoquera dans des circonstances précises, lors de rites spécifiques. n précise l’origine symbolique du groupe et en fixe certaines normes.
NARCISSISME : selon le mythe grec, Narcisse, jeune homme d’une grande beauté, s’éprit de sa propre image. En psychanalyse : fixation affective à sa propre image.
NATURE :: en grec « physis », soit l’ensemble des réalités physiques que le travail de l’homme n’a ni créées, ni détruites, ni transformées ; soit ce mot désigne l’essence, la réalité profonde d’une chose quelle qu’elle soit.
NATUREL : toute réalité que le travail humain n’a pas touchée.
NECESSAIRE : ce qui ne peut pas ne pas être ou être autre qu’il n’est. S’oppose au contingent.
NECESSITE : état de choses qui ne peut pas ne pas exister ; par extension le besoin, ce dont un être ne peut pas se passer ; s’oppose à contingence ; en métaphysique, puissance parfois divinisée qui gouverne le cours de la réalité ; en logique, soit caractère de ce qui est universellement vrai de ce qui est vérifié(l’oxygène est nécessaire à la vie humaine) ; soit relation inévitable entre deux propositions (deux plus deux font nécessairement quatre).
NORMATIF : tout jugement énonçant une règle qui évalue un fait ou une parole.
NORME : référence à partir de laquelle on porte un jugement de valeur. La norme n’est pas un principe universel mais un modèle qui a bien ce rôle.
OBEIR : sur le plan social, se plier dans son comportement à la légalité, que l’on reconnaisse ou non la légitimité de la loi.
OBJECTIF : une représentation est objective si elle correspond à la réalité d’un objet indépendamment des qualités d’un sujet.
Objectif / Subjectif : Le subjectif et l’objectif ne s’opposent pas nécessairement : c’est le cas par exemple si l’on appelle subjectif ce qui relève d’une propriété de
la pensée. L’objectivité comme accord entre les esprits trouve sa racine dans chaque subjectivité. En revanche, subjectif et objectif s’opposent si l’on entend par objectif ce qui existe en dehors de nous et par subjectif ce qui n’existe qu’en nous. C’est ainsi que l’on pourra se demander si le temps existe sur le mode de l’objectivité (la montre, le calendrier) ou sur le mode de la subjectivité (les mêmes dix minutes sont courtes en vacances et longues en cours). (Occurrences en problématisation : l’art, le temps)
OBJECTIVITE : impartialité obtenue en prenant l’objet pour ce qu’il est. Dans les sciences, démarche visant à rationaliser l’expérience par des procédés (mesure, mathématisation etc.) excluant l’intervention individuelle subjective.
OBJET : en philosophie, tout ce qui est pensé par un sujet : une idée, une image, une réalité matérielle ou une personne.
OBLATIVITE : sentiment décrivant la volonté de satisfaire les besoins d’autrui au détriment des siens propres, synonyme d’altruisme.
OBLIGATION : en morale, ce qui contraint librement, c’est-à-dire le sens du devoir que la raison nous impose ; en droit, assujettissement de la personne à une loi ou à une contrainte extérieure supposant une sanction en cas de transgression, cette contrainte peut être acceptée par celui contre lequel elle s’exerce qui l’estime justifiée.
Obligation / Contrainte : L’obligation renvoie à ce qui m’est imposé de façon impérative, que ce soit par une règle civile ou par moi-même. De son côté, la contrainte est davantage une modalité psychologique, qui associe à un objet, un événement ou un facteur, l’impression pénible d’une restriction de ma liberté. Ainsi, je peux être obligé sans être contraint, comme par exemple lorsque la loi m’impose un comportement que j’approuve et que je ne me représente pas comme un obstacle. (Occurrences en problématisation : la liberté, le travail, le devoir)
ŒDIPE : mythe évoqué dans l’antiquité grecque d’après lequel Oedipe, tue son père et épouse sa mère sans le savoir ; l’apprenant, il se crèvera les yeux. Dans la théorie freudienne de l’inconscient, le complexe d’Oedipe désigne l’amour éprouvé pour le parent de sexe opposé et l’hostilité à l’égard du parent de même sexe éprouvés involontairement dès la petite enfance et permettant de constituer la première organisation inconsciente de la sexualité (~ séduction, imitation etc.). Par la suite, la « triangulation » œdipienne permettrait à l’enfant, à l’adolescent puis à l’adulte de constituer son mode de relation spécifique à
la sexualité. De ce complexe mal résolu, naîtraient ultérieurement diverses perversions du comportement.
ONTOLOGIE : en métaphysique, science de l’être en tant qu’être ; doctrine admettant que l’être existe indépendamment de la pensée que nous pouvons en avoir et de l’idée que nous pouvons nous en former(ainsi pour la pensée religieuse, Dieu est). L’ontologie s’oppose donc à l’idéalisme.
OPINION : c’est l’expression d’un jugement, mais sans pouvoir garantir la valeur de vérité de ce jugement.L’opinion publique est un concept politique visant à évaluer ou à déterminer les préférences d’un public sur un problème donné.
ORGANISME : en biologie, système autonome dont tous les éléments et toutes les fonctions sont interdépendantes et contribuent à la préservation.
ORIGINE : au sens strict, implique que le commencement (inscrit dans le temps et l’histoire) a une cause et qu’une production y est associée ; principe qui ne précède pas chronologiquement mais qui coexiste et conditionne le processus commencé, se distingue donc de commencement et de fondement qui désigne des conditions de possibilité en logique.
Origine / Fondement : La distinction entre l’origine et le fondement a la même valeur que celle qui peut exister entre le commencement et l’origine lorsque ces deux termes ne sont pas synonymes. Dans cette distinction, l’origine est assimilée au commencement en tant que commencement de fait, alors que le fondement renvoie à ce qui est validé par une norme, à ce qui vaut en droit. Dans une relation amoureuse, on peut ainsi distinguer une origine de fait (une date de début, par exemple celle à laquelle nous nous sommes embrassés, et qui sera retenue comme anniversaire) et un fondement de droit, qui correspond à la réalité d’un sentiment réciproque. Dans le coup de foudre, origine et fondement sont confondus ; dans le mariage arrangé, il arrive qu’un fondement finisse par justifier l’origine, c’est-à-dire qu’on finisse par aimer son conjoint. (Occurrences en problématisation : le langage, l’histoire)
PARADIGME : du grec « paradeigma » modèle ou exemple : modèle exemplaire d’une chose ou d’une réalité ; en morale ou en politique, vision du monde ou « mythe fondateur » servant de modèle de référence idéal et abstrait servant à conformer la réalité et permettant une meilleure compréhension voire une meilleure action pratique (le devoir moral kantien ou encore le modèle utopique de la révolution permanente ou du libéralisme politique} ; en épistémologie (Kuhn - »Structure des révolutions scientifiques » 1962) : chaque grande révolution théorique dans l’histoire des sciences suppose une crise et un changement déchirant de modèle, l’histoire des sciences est donc discontinue et irréversible, les nouveaux paradigmes permettant des prédictions plus exactes que les anciens ; en linguistique, ensemble des termes substituables situés en un point de la chaîne parlée ; l’axe paradigmatique vertical est celui de la substitution des mots, par opposition à l’axe syntagmatique horizontal de l’organisation grammaticale de la phrase.
PAROLE : faculté ou exercice de communication de sa pensée grâce à un système de sons articulés émis par la voix ; cette forme élaborée d’expression verbale de la pensée (distincte du cri, du sanglot, du rire ou du gémissement par exemple) suppose la connaissance préalable (compétence) d’un système de signes et de codes (la langue comme référentiel) et la maîtrise de moyens psychophysiologiques complexes (les organes de la phonation) ; la parole est destinée à la transmission d’un message oral. L’écriture. la gestuelle ou la mimique par exemple sont d’autres formes d’exercice du langage qui supposent d’autres compétences préalables. Chez Chomsky, il s’agit de la performance linguistique factuelle.
PARTICULIER : désigne ce qui ne concerne qu’une partie des individus d’un ensemble avec ses caractéristiques propres qui la distingue d’autres traits possibles.
PECHE : au sens religieux, acte, parole ou pensée contredisant le dogme ou principe de référence.
PENSER : au sens courant, cogiter, avoir quelque chose à l’esprit ; au sens philosophique, réfléchir, c’est-à-dire revenir sur la constitution d’objets de connaissance ou de croyance.
PERCEPTION : Traditionnellement, la philosophie cognitive lui assigne une double fonction inscrite dans le temps : la sensation (physiologique) précède l’interprétation (psychologique). A la sensation brute du froid succèderait la perception du fait que je prends conscience d’avoir froid, puis la connaissance du fait que nous sommes en hiver, que le vent est glacé etc. De cette combinaison naîtrait notre accès au monde, notre maîtrise du réel s’améliorant grâce à une organisation plus efficace due à l’âge etc.
Aujourd’hui, la théorie de la forme, en particulier (ou Gestalt-Theorie), remet profondément en cause cette conception jugée artificielle : nos sens reçoivent une information qu’ils interprètent immédiatement, ici et maintenant. Notre conscience ne peut distinguer les deux parce qu’elle est tout entière et globalement captive de cette impression perceptive étendue à un champ cognitif qui l’entoure (le noème pour Husserl). D’où l’aspect très spatial et subjectif de ce procédé d’accès à un réel qui n’est jamais exactement le même pour tous mais qui, au contraire, s’avère différemment reçu et conçu d’un individu à l’autre. Toutefois, on comprendra aisément qu’il est possible d’influencer l’interprétation que chacun se fait du réel (voir la propagande ou le rôle des médias) : la perception est donc malléable, à la merci de nombreuses restructurations plus ou moins conscientes d’un espace de signification. Notre perception, quoi qu’il en soit, donne sens au monde qui nous entoure.
PERFECTIBILITE : chez Rousseau, désigne la faculté de l’homme à dépasser son instinct grâce à de nouvelles acquisitions perfectionnant ainsi son action et sa réflexion.
PERSONNALITE :: désigne la singularité, les caractéristiques propres d’une personne donnée.
PERSONNE : terme qui s’applique à l’individu humain en général. Il souligne son caractère essentiellement libre, digne de respect, doté d’un sens moral donc responsable et sujet de droits (voir Kant - »Fondements de la métaphysique des mœurs »- 1785 et Hegel « Principes de la philosophie du droit »- 1821).
PENSEE : d’une façon générale, l’ensemble des productions ou représentations conscientes de notre esprit (jugement, raisonnement, parole, souvenir, image, idée etc.). Au sens strict : formation des idées.
PERSUADER : amener quelqu’un, par l’utilisation de ses propres arguments, à penser ou agir selon nos vues.
Persuader / Convaincre : Les deux activités que sont l’art de persuader et l’art de convaincre produisent le même effet, c’est-à-dire l’accord d’un interlocuteur. La distinction vient de ce que persuader quelqu’un signifie l’amener à un accord sur une idée qui n’est pas nécessairement vraie ou sincère. Alors que le fait de convaincre revient à démontrer à l’autre la vérité et la validité d’une position. Le verbe persuader peut être péjoratif et inclut la possibilité d’une manipulation ou d’une contrainte, alors que la conviction en appelle à al raison et à
la vérité. Par exemple, cette distinction est un enjeu fondamental de l’usage du langage : on peut se demander si le but d’un dialogue est de gagner et d’avoir le dernier mot ou d’aboutir à la vérité (voir l’opposition platonicienne entre la dialectique et la rhétorique). (Occurrence en problématisation : le langage)
PHENOMENE : ce qui se manifeste et apparaît matériellement ou de façon représentative à
la conscience. Chez Kant, ce qui est perçu l’est dans l’espace et le temps, en un endroit à un moment, grâce aux structures a priori de notre sensibilité. Les phénomènes sont donnés à notre perception et donc objets de connaissance contrairement aux noumènes qui, eux, sont les choses en elles-mêmes que l’homme ne peut connaître scientifiquement.
PLAISIR : état de bien-être sensible. La psychanalyse l’associe à la satisfaction sensuelle visée par nos pulsions inconscientes.
POLITIQUE : Art ou science de la conduite d’un état. La politique (du grec polis = cité) est d’abord apparue sous forme de préceptes et de discussions avec la philosophie grecque. A Athènes, pour exercer la politique, d’une part on légiférait ; de l’autre on apprenait
la rhétorique. Par la suite, l’activité politique s’est trouvée constamment prise entre la morale, la logique et le droit mais sans vraiment se donner de rationalité, étant plutôt le fruit des passions humaines. D’où le caractère très conjectural de l’activité politique. C’est que le problème central de la politique semble être, d’une part, celui de la souveraineté dans l’exercice du pouvoir et, d’autre part, celui de l’exercice de laliberté dans la soumission à celui-ci.
POSITIVISME : selon Auguste COMTE, la seule forme valide de connaissance est scientifique et en aucun cas métaphysique. fi s’agit donc de renoncer à connaître l’essence des choses en s’éloignant progressivement à la fois de « l’état théologique » puis de « l’état métaphysique ». On se bornera à observer les faits d’expérience et leurs invariables relations pour en tirer des lois permettant ensuite de prévoir les phénomènes et d’agir efficacement. Cette théorie influença considérablement certains esprits dans le monde entier (ex : la devise du drapeau brésilien « Ordre et Progrès » en témoigne) et la communauté scientifique jusqu’en 1920 au moins. Par la suite (par analogie et dans un sens différent), on attribua le terme de « positivisme logique » au Cercle de Vienne.
PRAGMATIQUE : du grec « pragma » les choses, les affaires ; ce qui relève de l’action et désigne souvent un souci exclusif de l’utilité indépendamment de toute autre valeur.
PRAGMATISME : selon certains philosophes américains de la fin du XIXème siècle s’inspirant du protestantisme et du darwinisme (ex : William James) : la réussite pratique assure la validité d’une action. La connaissance doit donc être « prospective » et « programmée » en fonction de son but, c’est donc l’efficacité pratique qui permet de juger de sa valeur (valeur quasi- »monétaire » d’une action).
PRATIQUE : l’ensemble des réalités relatives à l’activité humaine, qu’elle soit morale, technique, politique etc.
PRAXIS : chez Aristote, pratique par opposition à la « poësis ». C’est donc la fabrication d’un objet hors de soi qui a pour vertu de nous transformer nous-mêmes lors de cette opération matérielle. Chez Marx, la pratique est socialement déterminée et s’inscrit dans une histoire.
Principe / Conséquence : Le principe est la proposition première d’un raisonnement ou d’une théorie, que ce soit en sciences (le principe de la relativité), en morale (le principe de la responsabilité) ou en logique (le principe d’identité). Le principe se présente alors comme cause première d’un édifice argumentatif, dont se déduisent des effets, c’est-à-dire des conséquences. L’enjeu de la distinction est donc de déterminer quel est leur ordre logique, par exemple pour distinguer une origine d’un fondement : le principe n’est pas toujours au commencement dans les faits, mais il est toujours le fondement en droit Par exemple, de la violence on peut se demander si elle est première ou seconde, principe ou conséquence, ou encore cause ou effet. (Occurrences en problématisation : la démonstration, la religion)
PROBLEME : littéralement, tâche proposée d’où difficulté à résoudre qui est sujette à controverses.Question d’ordre théorique ou pratique dont les enjeux sont décisifs mais les solutions toujours discutables (ex : l’origine du monde, la liberté …).On ne peut donc répondre à un problème qu’en procédant par étapes, avec méthode et cohérence ; qu’en révélant les tensions latentes et parfois inattendues qui existent entre les concepts utilisés. La problématique (ou cheminement logique) que vous constituerez à l’écrit révèlera votre réflexion personnelle dans sa rigueur logique.
PROCHAIN : littéralement, celui qui est proche par le sang. Dans le domaine éthique et religieux, on suppose une exigence morale à l’égard d’autrui.
PRODUIRE : faire naître quelque chose de nouveau à partir d’un matériau préexistant.
PROFANE : en théologie, ce qui est profane relève du quotidien et de la maîtrise humaine ; par opposition au sacré.
PROGRES : changement se mesurant dans le temps, toujours positif.
PROHIBITION de l’INCESTE : l‘ethnologie établit qu’il s’agit d’un interdit présent dans toutes les cultures humaines, sous des formes spécifiques à chacune d’elles. Cette règle universelle, interdisant de fait les mariages entre parents et enfants de la famille proche et parfois avec d’autres personnes symboliquement significatives, le mariage suppose le brassage entre plusieurs familles ou groupes et participe de l’échange social.
PROMETHEEN : du personnage de la mythologie grecque qui vola le feu aux dieux (à l’époque, la maîtrise des techniques de fabrication des objets en métal) pour l’offrir aux hommes. On considère aujourd’hui que la lutte victorieuse de l’homme contre la nature est prométhéenne.
PULSION : en éthologie ou en psychologie humaine, tendance partiellement innée et malléable susceptible de subir des transformations ; en psychanalyse, élément dynamique de l’activité psychique inconsciente à la limite du somatique (corps) et du psychique, la pulsion tire son origine du Ca, est dotée d’une force, d’un but (sa satisfaction) et d’un objet ; on ne parle pas d’instinct (inné et fixe) pour l’homme.
PUNITION : au sens judiciaire, peine qu’une autorité supérieure, celle de la justice objective, inflige indirectement au coupable par l’effet d’une instance supérieure agissant au nom d’une décision du système judiciaire.
RACE : en biologie, variété végétale ou animale génétiquement pure, catégorie d’extension inférieure à la notion de genre et de variété et qui suppose une intervention humaine sélective : un genre contient plusieurs espèces, une espèce contient plusieurs variétés. Biologiquement, l’humanité ne constitue qu’un seul genre, qu’une seule espèce (on parle généralement d’espèce humaine), qu’une seule variété. Il n’y a de race que pour les variétés animales ou végétales domestiquées par l’homme ; les comités d’éthique, notamment en France interdisant la « domestication » de l’humanité et donc la possibilité de constituer des races humaines.
RAISON : faculté généralement attribuée à l’humanité entière, la raison nous donne l’aptitude à connaître, juger et agir conformément à des principes méthodiquement organisés ; elle permet d’établir la vérité en la fondant rationnellement c’est-à-dire universellement. En logique : désigne la cause.
RAISON d’ÉTAT : en politique, argument d’autorité qui donne une valeur exceptionnelle à une décision pouvant apparaître injuste et léser tel individu. Cette décision prétend défendre la supériorité de l’intérêt général sur l’intérêt particulier.
RAISONNABLE : en morale, conduite conforme à la raison pratique ou morale.
RATIONNEL : en science ou en logique, l’opinion ou la thèse scientifique conforme aux règles de la raison connaissante.
REALITE : ce qui existe effectivement et peut être constaté de manière factuelle par tous, se différencie de la vérité.
RECONNAISSANCE : aboutissement du processus que décrit Hegel dans la « dialectique du maître et de l’esclave ». Une conscience de soi n’existe que parce qu’elle est reconnue par l’autre conscience de soi et réciproquement.
REEL : Ce qui constitue une chose ou un être autonome et défini, ce qui est actuel, concret, effectif. Ou ce qui produit des effets, qui agit, contrairement à apparent ou fictif ; ou qui existe actuellement, contrairement à possible.
REFOULEMENT : en psychanalyse, action du Surmoi par laquelle une pulsion du Ca est arrêtée dans sa manifestation ; l‘origine du refoulé suppose un évènement traumatique préalable à la suite duquel toute pulsion nouvelle relative à cet évènement sera reléguée dans la mémoire cachée du sujet (le Ca), le souvenir de cet évènement traumatique y est occulté.
RELATIF : contraire d’absolu. Ce qui est en relation avec autre chose, soit pour sa forme, soit pour son existence. Ce qui est déterminé ~ un point de vue, qui s’inscrit dans une perspective ; ainsi, notre perception du soleil est-elle relative à notre position sur terre.
RELATIVISME : doctrine qui prétend qu’une conception n’est valable que pour l’individu ou le groupe qui l’adopte.
RELIGION : Ensemble des croyances, voire des dogmes, des sentiments subjectifs, des rites et des institutions instaurant une relation avec un (ou des) être(s) tenu(s) pour surnaturel(s).
La double étymologie du mot renvoie soit à religere qui signifie que la foi anime le croyant qui honore et se recueille devant la divinité dans une relation secrète (la mystique). Soit à religare, qui désigne l’aspect communautaire grâce auquel le croyant retrouve dans des pratiques rituelles le récit (le mythe) transmis par les messagers de la divinité (prophètes ou/et messie) ou les guides détenant l’autorité (clergé). Aujourd’hui, le sens du sacré dépasse très largement le cadre des religions se retrouve dans de très nombreuses institutions sociales.
REMINISCENCE : chez Platon, il s’agit du « ressouvenir de ce que notre âme a vu », c’est à dire les Idées éternelles connues dans une existence antérieure.
REPRESENTATION : image présentant l’apparence sensible d’un être dont il prend la place en son absence.
REPUBLIQUE : littéralement, en latin « chose publique », régime dans lequel le bien de la communauté entière se distingue du bien particulier de ses dirigeants et résulte de l’unité commune.
RESPECTER : sur le plan éthique et juridique, reconnaître pour soi-même la légitimité d’une règle ou d’une loi.
Ressemblance / Analogie : La ressemblance suppose une comparaison directe entre deux termes, alors qu’une analogie suppose la mise en relation de quatre termes. Dans une analogie, ce ne sont pas les quatre termes qui sont comparés entre eux mais seulement les relations qui les unissent deux par deux. Ainsi quatre est à deux ce que seize est à huit (c’est-à-dire le double), sans que pour autant ces nombres se ressemblent. (Occurrence en problématisation : autrui)
RESSENTIMENT (morale du …) : chez Nietzsche, l’auteur caractérise ainsi l’éthique des esprits faibles dotés d’une « morale d’esclaves » qui se concrétise dans le regret de ne pas se réaliser et l’envie constante de ressembler aux « maîtres ». Leur faiblesse maladive réside dans leur incapacité à exercer pleinement leur potentiel de réalisation de soi sans influence exogène. Au contraire de l’exercice de la volonté de puissance qui caractérise les esprits sains et forts.
REVE : selon Freud, c’est la « voie royale » pour explorer l’inconscient. Une activité psychique spécifique est nécessaire à la production du rêve à partir de traces de perceptions ou d’émotions vécues à l’état de veille. Toutefois, cette production inconsciente se heurtant à une censure, elle parvient souvent déguisée (condensation, déplacements, symbolisme), même si, ultérieurement, une élaboration secondaire peut organiser le rêve en un récit.
RITE : en théologie, pratique culturelle généralement collective associant de façon répétitive des gestes et des paroles et rythmant le temps profane.
RUSE de la RAISON : chez Hegel, la Raison à l’œuvre dans l’histoire utilise secrètement les passions des hommes pour se réaliser.
SACRE : en théologie, ce qui est sacré est soustrait du monde quotidien et suscite la crainte et le respect de la divinité ; par opposition au profane.
SCIENCE : en général, on rapporte sa définition à celle de la nature comme ensemble de phénomènes régis par des lois nécessaires. Ainsi, ta physique (physis en grec signifie nature), est-elle l’étude scientifique des phénomènes de
la nature. Elle s’est d’abord constituée comme théorie des lois du mouvement : ta mécanique rend rationnellement et mathématiquement compte du mouvement des corps. La grande conquête scientifique du XVIIème siècle fut d’expliquer les phénomènes de la nature par ta nature en ne recourant qu’à des lois immanentes (ce qui est contenu dans les choses mêmes, par opposition à transcendant). Une loi scientifique se définit alors comme un rapport nécessaire et constant entre des phénomènes. De sorte que, finalement, connaître un phénomène, c’est-à-dire l’expliquer, revient à le rapporter à sa loi.
SCEPTICISME (sophistes, Pyrrhon, Sextus Empiricus, Montaigne) : théorie selon laquelle il s’agit de nier ta capacité de l’esprit à atteindre une vérité spéculative, soit à cause d’une impossibilité du savoir, soit en vertu du caractère inaccessible de
la vérité. On retrouve partiellement cette théorie chez Berkeley (inexistence du monde extérieur). A partir de Hume et sous une toute autre forme, le scepticisme moderne ne niera que la possibilité d’une connaissance métaphysique et s’apparentera davantage au positivisme.
SCIENCE : au sens large, n’importe quel savoir sensé ; au sens strict, ensemble de méthodes rigoureuses conduisant à des énoncés objectivement et universellement reconnus, les savoirs scientifiques seront donc conformes à des critères indiscutablement établis de cohérence (logique) et de vérification (preuves). La science vise l’établissement de certitudes objectives, et se distingue de la philosophie qui pratique aussi la cohérence et la rigueur mais est une discipline qui participe d’abord, subjectivement, d’une quête du sens.
SENS : soit il s’agit du rapport entre un énoncé ou un ensemble d’énoncés avec leur référent (le sens de cette phrase) ; soit il s’agit d’une orientation ou d’une direction désignant souvent une succession ordonnée et irréversible d’états (le sens de l’histoire) soit il s’agit de la valeur que je donne à mon existence personnelle, valeur qui peut faire mourir ou vivre (le sens de mon existence) ; soit, en psychologie, la faculté d’éprouver les sensations produites par les objets matériels sur des organes récepteurs spécifiques correspondant, une connaissance est alors produite de façon immédiate et intuitive, par exemple une photographie s’adresse à la vue et produit une impression visuelle ; soit, en morale, il s’agirait de la faculté de distinguer intuitivement le bien du mal, ce serait donc un pouvoir d’appréciation et de discernement, terme peu usité ; soit, en linguistique, le rapport constant entre un mot ou un énoncé et la réalité à laquelle il renvoie, permettant ainsi de discriminer entre des termes divers et d’établir la valeur objective d’un signe, on parle alors soit, d’une définition consacrée par l’usage ou une convention scientifique soit d’une simpleintuition ; ce lexique vise ainsi à fixer le sens des mots de manière à pouvoir utiliser ensuite un vocabulaire commun ; toutefois le contenu psychique individuellement évoqué par un mot est rendu complexe, par l’effet de la mémoire, de l’imagination et de l’affectivité, il peut donc être très diversifié d’un individu à l’autre et, par conséquent, assez incontrôlable, une formule est « pleine de sens », précisément, lorsqu’elle met enjeu ces interprétations personnelles possibles.
SENSATION : constitution d’un contenu sensible qui nous informe d’une réalité donnée comme distincte de celui qui en est informé.
SENSIBLE : ce qui est donné aux sens ou ce qui est saisi par les sens. Ainsi le monde sensible désigne ce qui est perçu du monde extérieur par l’entremise des sens.
SENTIMENT : constitution d’une forme singulière d’une information sensible, cette forme se présente comme un état d’esprit inséparable de celui à qui elle est donnée.
SENTIR : verbe ambigu puisqu’il se réfère soit à la sensation dans sa dimension objective (alors « sentir » nous renseigne sur l’objet) ; soit au sentiment, subjectivement lié à un plaisir ou à une douleur, qui ne sont pas propres à l’objet mais que le sujet éprouve.
SIGNE : renvoie à autre chose que lui-même, signale autre chose. En linguistique, le mot est le signe linguistique même.
SIGNIFIANT : en linguistique, terme créé par de Saussure ; aspect formel, image phonétique d’un signe linguistique.
SIGNIFICATION : en linguistique, lien qu’un mot entretient avec d’autres mots et qui précise le sens de ce mot par différenciation, c’est l’objet de la sémantique (du grec « sêmantikê » signification) ; par exemple, dans ce lexique, les mots persuasion et conviction ont des significations ou acceptions différentes.
SIGNIFIE : en linguistique, terme créé par de Saussure ; contenu, sens d’un signe linguistique.
SIMULACRE : illusion donnant en fait l’apparence sensible de la réalité.
SINGULIER : ce qui est unique et ne se range dans aucune catégorie générale, jugement qui s’applique à un sujet dans toute son extension mais qui exprime aussi une particularité (ex : « Socrate est un homme’).
SOCIETE : suppose une organisation de ses membres, la société en question réglemente les rapports des membres entre eux.
SOLIPSISME : théorie selon laquelle je serais seul au monde (Berkeley) .Ce qui exclut l’existence objective de tout monde extérieur à la conscience du philosophe.
SPONTANEITE : détermination absolue de soi par soi, la spontanéité exclut toute cause antérieure à elle-même qui la déterminerait (voir libre-arbitre).
STOICISME : théorie de l’antiquité (Zénon, Epictète, Marc-Aurèle, Sénèque) d’après laquelle il s’agirait de maîtriser l’âme pour qu’elle s’oppose fermement aux maux de
la vie. Les stoïciens prônent également l’indifférence à la douleur.
STRUCTURE : en sciences humaines, relations qui déterminent et organisent des réalités empiriques (des mots, des fonctions sociales, l’organisation psychique ou des biens).
STRUCTURALISME (chez Lévi-Strauss, Lacan, Barthes, Foucault, Leiris, Althusser) : ce courant de pensée influent au milieu du XXème siècle utilise les analyses structurales de la linguistique (de Saussure, Jakobson) et de l’anthropologie (Lévi-Strauss) pour démontrer que chaque individu est soumis à des élaborations dont il est inconscient. Cette conception générale des sociétés humaines tend à évacuer la notion de sujet libre souvent dominante.
SUBJECTIF : une représentation est subjective si elle ne concerne que les qualités d’un sujet.
SUBJECTIVITE : ce qui est relatif au sujet sans jugement de valeur. Mais aussi, état d’esprit qui ne considère les choses que sous une forme non distanciée par exemple émotionnelle (cas de l’aliénation mentale).
SUBLIMATION : chez Freud, capacité de transformer le but sexuel originaire d’une pulsion contre un autre but, socialement valorisant et apparenté.
SUCCESSION : relation temporelle entre un fait antérieur et un fait postérieur.
SUJET : l’être humain pourvu de conscience qui connaît les choses et les actions ; en morale et en politique, l’être humain réel avec ses qualités et agissant, qui est doté d’un droit.
SUPERSTRUCTURE : selon Marx, l’ensemble des modes de vie, idéologies politiques, religieuses, philosophiques, artistiques etc. qui ne sont que la conséquence des infrastructures économiques (modes de production, outils, division du travail etc.) dans une société donnée. Elles permettent de conforter les positions idéologiques des deux classes sociales en lutte, de justifier leur mode de vie et surtout de justifier la prépondérance de la classe dominante sur la classe dominée.
SURMOI (psychanalyse, das Über-Ich) : lieu inconscient du psychisme qui contient des mécanismes de censure acquis au cours de l’éducation qui ont pour effet le refoulement, c’est-à-dire le rejet dans le Ca des pulsions irrecevables. Il est régi par le principe de déplaisir (frustration inconsciente).
SYLLOGISME : chez Aristote : formulation rationnelle de propositions enchaînées suivant la déduction (majeure : « tous les hommes sont mortels », mineure : « Socrate est un homme », conclusion : « donc, Socrate est mortel »).
SYMBOLE : étymologiquement « objet partagé en deux qui servait de signe de reconnaissance » ; ce qui peut être utilisé pour désigner une chose d’après un aspect de cette chose, parfois désignation imagée ou évocation d’une chose.
SYMPATHIE : habituellement, c’est l’attrait éprouvé par une personne à l’égard d’une autre.Etymologiquement en grec, c’est la capacité de « souffrir avec », de s’identifier à l’être que l’on voit souffrir.Chez Rousseau, il s’agit de la « pitié ».
SYMPTOME : indique la présence négative de ce qui aurait dû rester caché.
SYNERGIE : conjonction ou résultante de forces différentes.
TECHNIQUE : ensemble immatériel de savoir-faire et matériel d’outils et de machines.
TELEOLOGIE : doctrine admettant l’idée d’une finalité des phénomènes naturels.
TEMPS : Dans la mesure où notre pensée est toujours présente, le temps semble n’être qu’une propriété des objets extérieurs, perceptible, par exemple, dans leur dégradation. D’autre part, il semble aussiunidimensionnel et linéaire. En effet, en pensant le passé, je l’annule, puisque je ne peux le penser que ici et maintenant. Par ailleurs, les notions de projet, d’inquiétude ou de remords, prouvent le caractère purement virtuel de cette linéarité du temps effectivement marqué par des ruptures, des sommets et des abysses. D’ailleurs, les poètes, les amoureux comme les mystiques ont toujours voulu s’abstraire du temps ou le supprimer, probablement parce qu’il est profondément ancré dans chacune de nos actions qui le jalonnent.
THEORIE : étymologiquement en grec, contemplation d’un spectacle admirable ou sa régularité harmonieuse ; par opposition à expérience, ce qui est connu intellectuellement. En sciences, système composé d’axiomes et de théorèmes et portant sur un grand nombre de faits (exemple : théorie de la relativité).
En théorie / En pratique : La théorie renvoie à une connaissance spéculative et abstraite, potentiellement désintéressée, au sens où le savoir comme fin en soi s’y suffit à lui-même. Le souci du pratique correspond à la recherche d’applications. On peut par exemple se demander si la recherche physique est théorique ou pratique (au sens où elle aurait en vue une utilité et une application technique de ses résultats). Dans ses autres sens, la distinction épouse le sens de la distinction « en droit » / « en fait ». (Occurrences en problématisation : la technique, la liberté)
TRANSCENDANCE : en théologie, par opposition à immanence, ce qui dépasse toute expérience possible, ce qui excède le plan de la nature et celui de l’humain.
Transcendant / Immanent : Une chose est immanente à une autre quand elles relèvent du même degré ou du même niveau de réalité, alors qu’une chose est transcendante à une autre lorsqu’elle relève d’un degré de réalité supérieur, d’un autre ordre. Le Dieu des religions judéo-chrétiennes est transcendant, alors que les dieux d’Homère sont immanents, et viennent goûter avec les hommes aux plaisirs terrestres. (Occurrences en problématisation : la religion, la conscience, l’État, le devoir)
TRAVAIL : Selon l’étymologie (tripalium), il s’agirait d’un instrument de contrainte, voire de torture. D’abord conçu dans l’Antiquité comme pénible, donc réservé aux esclaves (contrairement à l’otium = loisir) ; le travail acquiert progressivement une dignité remarquable, devenant synonyme d’effort, de transformation de soi, voire de libération tant personnelle que collective. Aujourd’hui, avec la précarité de l’emploi et le chômage, il semblerait difficile de s’épanouir, ne serait-ce que pécuniairement, sans travail. Toutefois, le travail moderne se caractérise aussi par une nouveauté : certaines activités initialement de loisirs (sports, jeux etc.) offrent de véritables métiers. Par ailleurs, le travail contemporain devenant indissociable de larentabilité d’une part et de la technique de l’autre, il semble que l’on ne puisse l’isoler de nouvellesresponsabilités, en particulier économiques et éthiques.
UNIQUE : caractérise ce qui appartient exclusivement à un être seul de son espèce ou qui dans son espèce présente des caractères qu’aucun autre ne possède, se distingue de général et s’oppose radicalement à universel.
UNIVERSEL : caractérise ce qui appartient à tous les êtres, se distingue de général et s’oppose radicalement à unique .
Universel / Général / Particulier / Singulier : Ce qui est universel vaut pour la totalité, alors que ce qui est général s’applique sans exception, mais seulement à l’intérieur d’un même genre. Ainsi tous les êtres vivants sont mortels (c’est donc universel), mais la possession d’un nombril ne vaut qu’à l’intérieur du genre des mammifères, et n’est donc que générale. Le particulier s’oppose au général et le singulier s’oppose à l’universel. Ce qui est particulier ne concerne qu’une partie des éléments d’un genre. Enfin, ce qui est singulier ne concerne absolument qu’un seul élément d’un genre. (Occurrences en problématisation : la société, théorie et expérience)
UTILITARISME : idéologie selon laquelle la nature du lien social se réduit au seul critère de son utilité, c’est-à-dire à la diversité et la complémentarité des activités humaines.
VALIDE (adjectif) : en logique, dans un système donné, une proposition qui n’est en contradiction ni avec elle-même, ni avec les principes ou les autres propositions du système est dite valide.
VECU : désigne tout ce qu’une conscience vit en général, tout ce qui se donne à la conscience.
VENGEANCE : peine que la victime inflige au coupable par l’effet d’un sentiment personnel d’injustice subjective. L’acte de vengeance transforme le coupable, à son tour, en victime, d’où la possible création d’un cercle vicieux, celui de la vendetta par exemple.
VERITE : la certitude ou la norme indubitable, objective et universelle, liée à l’existence de l’objet, il s’agit d’une propriété du discours et non de la réalité sur laquelle porte ce discours.
VERTU : signifie en latin la force, le courage, la sagesse (qualités supposées « viriles »), ce qui renferme un principe positif ; chez Kant, capacité à agir en conformité avec le devoir moral.
VIE : pour une plante, un animal ou un homme, il s’agit avant tout de fonctions organiques (être en vie). Cette fonction se distingue de l’existence.
VIOLENCE : exercice de la force à l’égard d’un individu, contre son gré. Ainsi, l’oppression politique porte atteinte, par sa tyrannie, à la liberté de tous et autorise à se rebeller contre sa violence.
VIRTUEL : s’oppose à réel, à concret, à ce qui existe matériellement. C’est ce que l’on ne fait qu’imaginer, qui est « en puissance » et pourrait « potentiellement » se réaliser.
VIVANT (connaissance du vivant) : dans la logique du mécanisme du XVIIème siècle, il s’agit d’abord d’assimiler le vivant à une machine ou de le concevoir sur le modèle de la machine (Descartes) .Cela permet d’éviter le recours à l’âme comme souffle vital ou principe mystérieux d’animation de
la matière. Concevoir le corps à l’image des machines fabriquées par l’homme le rend connaissable. Au XVIIIème cette logique mécaniste a été généralisée par l’encyclopédiste
La Mettrie. Au XVIIIème siècle, le transformisme (Lamarck) remplaça le mécanisme en affirmant que les espèces ne sont pas fixées depuis leur création mais se sont modifiées en fonction des nécessités de leur adaptation au milieu, d’où l’hérédité des caractères acquis (contraire aux théories de l’évolutionnisme et de la génétique). Depuis, la théorie dominante est celle de l’évolutionnisme (Darwin - »Origine des Espèces »1859) qui se distingue du transformisme par le fait que les mutations des espèces se feraient au hasard, le milieu intervenant seulement pour sélectionner les variations les plus favorables.
VOLONTE : faculté de se déterminer librement à agir ou à s’abstenir de le faire en pleine connaissance de cause et après réflexion. Généralement, on ne peut vouloir que le possible, contrairement au désir.
VOLONTE de PUISSANCE : chez NIETZSCHE, faculté de se donner la possibilité d’aller pleinement dans la réalisation de soi au-delà de toute influence exogène. Au contraire de la morale du ressentiment.
VRAI (adjectif) : en science expérimentale, une proposition qui n’est pas infirmée par la vérification expérimentale est dite vraie, c’est-à-dire qu’elle dépend d’éléments extérieurs au discours scientifique.
VRAISEMBLABLE : selon son étymologie, c’est ce qui paraît vrai.
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