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vendredi 26 mai 2017

NOTE DE LECTURE N° 31 ; L'AVOCAT DU DIABLE DE MORRIS L. WEST

Morris L. West (1926 -1999) est un écrivain australien qui a reçu en 1959 le prix James Tait Black Memorial pour son roman "L'Avocat du diable". Mon édition de référence, pour cette note, est l'édition du Livre de poche, ed. Plon, 1959.

Morris L. West (1926 -1999) est un écrivain australien qui a reçu en 1959 le prix James Tait Black Memorial pour son roman "L'Avocat du diable". Mon édition de référence pour la traduction et la pagination, est l'édition du Livre de poche, ed. Plon, 1959, traduction Cécile Messadié. 

Morris West est né dans la banlieue de Melbourne, dans l'état de Victoria et fait ses études secondaires au collège des Frères des écoles chrétiennes de sa ville. Il passe douze ans dans une communauté des Frères des écoles chrétiennes, renouvelant ses vœux chaque année, mais y renonçant, il quitte la congrégation en 1941 et se marie. Il quitte l'Australie en 1955 pour aller vivre en Autriche, en Italie, en Angleterre et aux États-Unis avant de retourner en Australie en 1980. Morris West est décédé alors qu'il travaillait à son bureau aux derniers chapitres de son roman "La Dernière Confession", sur le procès et l'incarcération de Giordano Bruno. 
(Source)


Morris L. West
Disons d’emblée que « L’avocat du diable » est un livre tragique, profondément destructeur de toutes illusions sur l’homme ou, plus précisément sur le destin qui lui est fatalement réservé. C’est un roman très critique envers l’Église catholique officielle et certains de ses dogmes, mais dont les personnages principaux baignent dans une foi profonde, ou la découvrent à travers l’expérience qu’ils font, directement ou indirectement, de l’amour humain.

Dans un procès en béatification, c'est-à-dire lors du processus qui permet à l'Église catholique de décider si un homme a été ou non un Saint, l'avocat du diable (terme non officiel mais courant) est le prélat chargé de trouver des arguments contre la sainteté présumée. Dans le roman, cette tâche est attribuée à un évêque anglais, Blaise Meredith atteint d’un cancer qui ne lui laisse que quelques mois de vie. Meredith a passé toute sa vie de prêtre au Vatican, chargé de l’application du Droit Canonique à la Congrégation des Rites. Il ne connaît rien de la vie réelle et ne sait pas communiquer avec ses semblables hors de la poussière des documents pontificaux.

Quant au présumé saint, Giacomo Nerone, il s’agit d’un homme dont on découvrira progressivement le passé au fil du roman,  fusillé par les partisans communistes, lors de la libération de l’Italie, et auquel la population attribue plusieurs miracles.

Le cadre général du roman, et c’est un de ses intérêts, est une Italie archaïque (la Calabre), pauvre, pétrie de préjugés et de superstitions.

À l’annonce de sa mort prochaine, inéluctable, Meredith prend conscience douloureusement de son attachement à la vie (alors que pour un croyant la mort devrait être une délivrance) mais aussi et surtout de la vacuité de sa vie :

« Il n’avait jamais rien désiré avidement. Il avait toujours eu ce qu’il voulait, et il n’avait jamais aspiré à plus que tout ce qui lui était accessible […] Plus que la plupart des hommes, il avait atteint au contentement et s’il n’avait jamais demandé le bonheur, c’est parce qu’il n’avait jamais été malheureux. Jusqu’à présent […] Le dernier printemps, le dernier été. Le dernier quignon de vie, mâché et sucé et vidé de son suc comme une canne à sucre, puis jeté sur le tas d’ordures. » (p. 15-16).

En fait, Meredith n’a jamais aimé, et la mission qu’on lui confie va être pour lui une révélation.

La trame du livre est constituée, à mon avis, de trois composantes.

La première est l’enquête proprement dite sur la sainteté de Giacome Nerone. Il faudra d’abord reconstituer sa vie, puis ce qu’il a fait dans ce village calabrais, la véracité du seul miracle plausible qui peut lui être attribué et les circonstances de sa mort. Cette composante entretient un certain « suspense » car la vérité n’apparait que tardivement.

La deuxième composante est la vie intime de Giacome Nerone, telle qu’il la relate dans des écrits découverts tardivement : la perte de sa foi puis sa reconversion quasi miraculeuse et fervente dans un dialogue personnel avec Dieu.

La troisième composante est la vie spirituellement misérable ou somptueusement généreuse des principaux personnages du roman.

Mieux vaut ne pas en dire plus pour ne pas déflorer l’intrigue. 
‘L’avocat du diable » a connu un succès mondial et mérité. C’est un livre d’une grande profondeur, infiniment triste et beau.






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