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jeudi 17 décembre 2015

UN POÈME DE JUAN RAMON JIMENÈZ (ET UNE TENTATIVE DE TRADUCTION)

Juan Ramón Jiménez (1981-1958), auteur de "Platero y Yo" est un poète espagnol qui a reçu le prix Nobel de littérature en 1956, à Porto Rico où il s'était exilé pour fuir le régime franquiste. Il est né à Moguer, petit village andalou qui sera toujours pour lui une source d'inspiration :

« Je t'ai dit, Platero, que l'âme de Moguer c'était le vin, j'avais dit une stupidité, n'est-ce pas ? Non, l'âme de Moguer c'est le pain. Moguer est comme un pain de froment, blanc à l'intérieur comme de la mie, et doré autour – oh soleil qui brunit ! - comme la tendre croûte. »

Le poème qui suit, et dont j'ai tenté une traduction, est intitulé " El viaje definitivo ".


Source de l'illustration

EL VIAJE DEFINITIVO 

Y yo me iré. Y se quedarán los pájaros cantando; 
y se quedará mi huerto con su verde árbol, 
y con su pozo blanco. 

Todas las tardes el cielo será azul y plácido; 
y tocarán, como esta tarde están tocando, 
las campanas del campanario. 

Se morirán aquellos que me amaron; 
y el pueblo se hará nuevo cada año; 
y en el rincón de aquel mi huerto florido y encalado, 
mi espíritu errará, nostálgico. 

Y yo me iré; y estaré solo, sin hogar, sin árbol 
verde, sin pozo blanco, 
sin cielo azul y plácido... 
Y se quedarán los pájaros cantando. 



VOYAGE SANS RETOUR

Et je m’en irai.
Et resteront les oiseaux qui continueront à chanter ;
et restera mon jardin avec son arbre vert et son puits blanc.

Tous les soirs le ciel sera calme et bleu ;
et dans le clocher sonneront les cloches, comme elles sonnent ce soir.

Ils mourront ceux qui m’ont aimé ;
et chaque année un village nouveau ; 
et dans ce petit recoin qu’est mon jardin fleuri et blanchi,
mon âme ira, errante, nostalgique.

Et je m’en irai ; 
et je serai seul, sans foyer, sans arbre vert et sans puits blanc,
sans ciel calme et bleu … 
Et les oiseaux continueront à chanter.

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