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lundi 7 décembre 2015

À VOIR OU À REVOIR :" MA NUIT CHEZ MAUD ", FILM DE ÉRIC ROHMER (1969)

"Ma nuit chez Maud" sorti en 1969 est, à mon avis, le meilleur film de Rohmer et un des grands films du cinéma français.





Le film est hors du commun à plusieurs égards.

D'abord en raison des acteurs : Françoise Fabien est extraordinaire ; Jean-Louis Trintignant est parfait ; Marie-Christine Barrault et Antoine Vitez sont très biens.

Ensuite en raison des dialogues. La double discussion sur le pari de Pascal est  profonde. Il n'y a rien de convenu ou d'artificiel dans ce qui est dit et les question discutées sont effectivement celles que peut se poser tout lecteur de Pascal.  Trintignat, dans le rôle d'un catholique convaincu est rebuté par le mercantilisme du pari. Il y voit un jeu de probabilité qui n'a rien à voir avec sa religion. Même si la probabilité que Dieu existe est très faible mais non nulle, l'espérance mathématique (produit de la probabilité par le gain possible) est infinie puisqu'on multipliera quelque chose d'infime par un gain absolu, donc infini. On va donc choisir l'hypothèse de Dieu non pas par la foi mais par la raison. 

Enfin le scénario, c'est-à-dire l'histoire que raconte le film. Cette histoire est banale, et même ridicule si je la résume comme je vais le faire : un homme est amoureux d'une femme et veut l'épouser. Il est tenté par une autre femme mais il lui résiste. Elle (l'élue de son coeur) a des réticences morales car elle vient de quitter un amant. Finalement ils se marieront. Raconté de cette manière le film apparaît assez proche d'un roman à l'eau de rose.

Et pourtant il y a bien autre chose. J'ai revu ce film récemment et il m'a rendu profondément et durablement triste. La dernière scène du film est bouleversante et remet tout le film en question. Personne ne pourra sortir de ce film sans se demander quelle qualité de relation on peut avoir entre hommes et femmes, quels ont été nos choix et les raisons de ces choix. Personne n'en sortira indemne. Et personne ne trouvera de réponse, si ce n'est qu'il faut vivre sa vie comme elle est, ce qui n'est pas, loin s'en faut, un motif d'apaisement. Bien peu, je crois, en sortiront en se disant que sa vie a bien été ce qu'elle devait être. Le message du film est bien dans la dernière scène car, comme l'a chanté Barbara "c'est vrai le temps perdu ne se rattrape guère, le temps perdu ne se rattrape plus"

Non, c'est décidé, je ne regarderai plus jamais "Ma nuit chez Maud".

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