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jeudi 10 octobre 2019

LE MYSTÈRE DU VOL AJACCIO-NICE (11 SEPTEMBRE 1968)

Emanuel Macron vient de demander à la Ministre des Armées de mettre en oeuvre la procédure de déclassification de certains documents (classés "secret défense") qui pourraient éclairer les circonstances de la tragédie du 11 septembre 1968. Ce jour là la Caravelle effectuant le vol Ajaccio-Nice s'est écrasée en mer peu de temps avant son atterrissage.  Un drame qui a coûté la vie à 95 personnes (aucun survivant).




Que s'est-il passé ? Le quotidien Le Monde du 10 septembre 2019 rappelle ainsi les circonstances de l'accident :

" Ce mercredi 11 septembre 1968, le temps est idéal. Ciel bleu sur toute la ligne entre Ajaccio et Nice. Pas un nuage à l’horizon, aucune turbulence à prévoir. Il est 10 h 30. Le vol AF 1611 a décollé de l’aéroport Campo Dell’Oro il y a une vingtaine de minutes et son atterrissage à Nice-Côte d’Azur est imminent. Dans le cockpit de la Caravelle, le commandant Michel Salomon, 36 ans, 8 745 heures de vol, a prévenu l’équipage. Son copilote, Emile Duvinage, 33 ans, 4 225 heures de vol, et le mécanicien Roger Juan, 39 ans, 4 304 heures de vol, sont fin prêts pour négocier une approche a priori sans problème. A bord, les 89 passagers et les 3 membres d’équipage [NdR : il semble en fait qu'ils étaient 6] ont attaché leurs ceintures. Soudain, à 10 h 31, la tour de contrôle niçoise reçoit ce message : « J’ai le feu à bord. On va crasher, c’est sûr ! » Silence. Deux minutes interminables s’écoulent. A 10 h 33, la tour de contrôle annonce : « Contact perdu à 20 milles au sud d’Antibes». L’appareil a disparu des radars. Il s’est abîmé dans l’eau à proximité de la côte. Moins d’une heure plus tard, les premiers secours arrivent sur zone. Ils repêchent des débris de carlingue, des cadavres déchiquetés, des affaires personnelles… Seuls quinze corps, ou ce qu’il en reste, sont identifiés. Ils seront enterrés au cimetière d’Ajaccio, où un mémorial leur sera consacré".



Le rapport officiel conclut à un incendie dans les toilettes de l'appareil, soit en raison d'une défaillance électrique d'un chauffe-eau, soit d'une négligence. Mais très vite on apprend que des exercices militaires étaient prévus dans la zone : des tirs d'essai de missiles "à blanc". Le vol AF1611 aurait-il été atteint par un de ces engins ? Des experts ont rapidement affirmé que l'hypothèse n'était pas crédible car un missile aurait désintégré l'appareil, alors que les débris (trouvés dans un rayon de 300 m seulement) montrent que l'appareil était intact lors de son contact avec la mer.  Mais ces missiles d'essai sont dépourvus de leurs charges explosives. L'hypothèse  est donc compatible (ce qui ne signifie pas qu'elle est avérée) avec l'impact d'un missile non chargé qui aurait pu endommager définitivement la Caravelle sans la faire exploser.

Au fil de plusieurs enquêtes le doute s'installe : le rapport "officiel" est succinct ; la "boîte noire de l'appareil a été retrouvée mais n'aurait pas pu être exploitée; des témoignages ne sont pas approfondis ; des pièces manquent au dossier ou sont inaccessibles (secret défense). Du côté des autorités, on fait confiance au démenti formel  de l'Armée. Une association a été crée à l'initiative de deux fils de victimes (les frères Paoli) qui demandent (et obtiennent) la réouverture du dossier. Un livre très documenté est publié par les journalistes Jean-Michel Verne et Max Clanet (Secret d'Etat, ed. Ramsay, 2008). Un juge d'instruction est désigné (le juge Chemama) qui estime que la thèse d'un tir de missile accidentel touchant l'arrière de l'appareil « doit être prise très au sérieux », selon un document dont l'AFP a pris connaissance (source : Le Parisien du 5 juillet 2019).

Affaire à suivre donc, en espérant que le déclassement soit effectif et apporte quelques lumières sur un dossier douloureux.

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