Le principe de Peter (1919-1990), si on accepte sa
logique (qui est solide), a des conséquences importantes : dans toute
entreprise, organisation ou administration les dirigeants de plus haut niveau
sont des incapables ! Pourquoi ? Parce qu’ils ont obligatoirement atteint
leur seuil d’incompétence. Quel est le raisonnement de Peter ?
Le raisonnement est basé sur une conjecture (affirmation très probable mais que l'on ne peut pas démontrer) : la progression dans les compétences, dans un domaine donné, a obligatoirement une limite. La limite peut résulter de l'état de santé, de l'âge, de l'impossibilité de se mettre à niveau, etc.
Imaginons une entreprise dans laquelle il y a de «mauvais» et de « bons » employés ». Disons pour simplifier :
Imaginons une entreprise dans laquelle il y a de «mauvais» et de « bons » employés ». Disons pour simplifier :
· D’une part des employés qui
ne font pas preuve d’initiatives, qui refusent ou sont incapables de se former
pour des tâches de plus haut niveau, qui n’ont pas d’esprit d’équipe, etc. Ceci
dit ces employés peuvent être « dans la vie « civile » les
meilleurs des hommes.
· D’autre part des employés
qui possèdent les caractéristiques inverses : ils cherchent l’excellence
dans les tâches qu’on leur confie, sont à l’affût de connaissances ou
compétences nouvelles, etc. Inversement ils peuvent, dans leur vie privée, être
parfaitement odieux.
Quel va être le sort de ces deux catégories ? Il
est clair et prévisible :
· Les premiers vont
stagner dans leur poste, ce qui n’est pas illogique dans une stratégie
d’entreprise. C’est logique mais non obligatoire. Il serait possible d’essayer
de comprendre les raisons de cette
inappétence, de discerner s’il existe des antagonismes personnels, des raisons physiques ou psychologiques
qui expliquent ce comportement, etc.
Mais combien de DRH ont les compétences et l’envie d’effectuer ce
travail ?
· Les seconds par
contre vont être promus. On leur confiera des responsabilités de plus haut
niveau, accompagnées d’un poste plus élevé dans la hiérarchie et les avantages
matériels correspondants. C’est un travail que les DRH affectionnent car il est
supposé améliorer la qualité de l’entreprise, donc valoriser la qualité de leur
propre travail. Par ailleurs on ne peut nier que cette promotion des
« bons » est logique quelles que soient les
qualité morales de la personne concernée. Sauf exception les PDG se soucient
peu de cet aspect. Ce qui leur importe est le montant des dividendes qu’il
pourront distribuer aux actionnaires et les avantages matériels qu’ils pourront
s’octroyer.
Mais que va-il se passer par la suite ?
Pour les « mauvais » l’affaire est close.
Ils attendront avec résignation leur retraite en essayant de compenser par des
activités extérieures la pauvreté
de leur activité professionnelle.
Pour les « bons » les choses se
compliquent. Ils ont évidemment l’ambition d’aller de plus en plus haut et vont
faire tous les efforts possibles à cet effet. En toute logique ces efforts vont
être récompensés et ils vont progresser dans la hiérarchie.
Mais c’est là qu’intervient le « principe de
Peter » qui postule qu’aucune progression des compétences ne peut être
durable et qu’il survient un moment où apparaît un seuil d’incompétence.
Parler de « seuil d’incompétence » ne
signifie pas que l’on devient subitement idiot mais que l’on a épuisé ses
possibilité de progression. Or les progressions antérieures ont placé ce genre
de personne à un niveau qui les rend impossibles d’être compétent dans le nouveau
poste qui lui est confié.
Le désastre est que beaucoup de ces personnes
puissantes, devenues incompétentes, occupent des postes de premier plan dans
les entreprises, l’administration ou la politique. On constate leur
incompétence dans le fait qu’elles se contentent de déléguer, de participer à des
colloques ou conférences, n’expriment que des généralités sans intérêt et que,
lorsqu’il leur advient de prendre une décision elle est souvent malencontreuse.
On peut objecter au principe de Peter plusieurs arguments :
· Certaines « charges »,
y compris dans l’administration de la justice ou de la médecine, ne résultent
pas de l’observation de compétences particulières mais de la notoriété de la
famille. Mais d’un point de vue éthique cette observation est évidemment condamnable.
· Il existe des entreprises où
l’on prend garde à ne pas tomber dans ce biais (le principe de Peter). Je n’en connais pas, mais je ne
nie pas qu’il doit en exister.